» Frans Hals était essentiellement un peintre de portraits. Nul n’a senti, comme lui, la nécessité, tout en demeurant vrai, sincère et précis, de faire passer dans l’apparence des choses, ou des gens, le frisson mystérieux de la vie. Nul n’a mieux compris qu’il n’était pas nécessaire, pour animer les figures, d’en transformer la ressemblance. Il a su laisser pressentir, par son exemple, que tous les objets palpables et visibles, animés ou non d’un souffle propre, se magnifient quand on leur donne leur valeur d’expression et que le problème de l’artiste est de la découvrir, de la mettre en lumière. En d’autres termes, l’intérêt d’une peinture réside moins objectivement dans la chose représentée que dans l’œil, le sentiment, le travail du peintre. Frans Hals ne s’inquiétait des souffrances, des joies des personnages dont il peignait les portraits, que dans la mesure où les traces de ces souffrances et de ces joies étaient empreintes dans les traits visibles de leurs physionomies. Il n’a pas mis dans son œuvre l’anxiété et la fièvre d’un Rembrandt, mais son esprit ne fut, néanmoins, pas flegmatique. » André FONTAINAS (Homme de Lettres, poète, écrivain et critique français)

Avant de vous parler de cet incroyable peintre, j’aimerai ouvrir une petite parenthèse sur l’époque dans laquelle il a travaillé, à savoir celle du Siècle d’Or de la peinture hollandaise (XVIIe siècle). En Juillet 1581, les sept provinces des Pays-Bas, autrefois placées sous l’autorité du roi Philippe II d’Espagne, obtiennent leur indépendance. Ce pays va acquérir une incroyable prospérité, une forte puissance maritime , un bel essor économique. Tout cela va incontestablement profiter aux artistes, à l’épanouissement de la culture, des arts et des Lettres. La haute bourgeoisie est assez riche pour faire travailler les peintres. Ils ne furent pas les seuls, car les riches paysans eux aussi achetaient, couvraient les murs de leurs confortables fermes de tableaux. On aimait les natures mortes, les paysages, les scènes de genre, et surtout on raffolait des portraits. La production picturale de cette période est très importante.
Hals a été un très talentueux portraitiste de ce siècle d’or hollandais, un merveilleux coloriste, un dessinateur génial, l’inventeur d’une technique picturale d’une grande modernité pour son époque, laquelle va en influencer plus d’un après lui. Il a joué un rôle très important dans l’évolution du portrait de groupe. Son travail a été fortement apprécié et admiré, non seulement par ses confrères, mais également par les impressionnistes et les peintres réalistes, bien des siècles plus tard. Manet, Van Gogh, Courbet, Cézanne (le premier et le dernier ayant énormément apprécié sa façon de peindre par petites touches) et bien d’autres n’ont cessé de lui trouver de nombreuses qualités, comme celle par exemple de peindre d’un coup, de façon très instantanée dirons-nous, sans retouche.
» J’ai surtout admiré les mains de Hals, des mains qui vivaient, mais n’étaient pas terminées » (Van Gogh va s’enthousiasmer des talents de coloriste de Hals, notamment dans l’emploi du noir, »en 27 tons différents » précisait-il. Il dira à propos de son travail : c’est aussi beau que du Zola, en plus sain et plu gai, mais aussi proche de la vie«
Au travers de ses différents tableaux, on peut réellement sentir qu’il a fait preuve d’une maîtrise incroyable, d’une grand justesse oculaire. Sa touche est sûre, rigoureuse, sa main virtuose et habile dans l’art de la gestuelle et du trait des visages. Il y a beaucoup d’expressivité, de lucidité, de réalisme dans le sérieux, le caustique ou le comique. Il traite les visages avec beaucoup de naturel et l’impression générale attrayante amène à dire que ces personnages semblent « vivants« .
Une atmosphère heureuse, spontanée, gaie, pleine de fraîcheur ressort de ses différents portraits. Le sourire, voire même le rire (sous toutes ses formes) le côté malicieux, insouciant, et désinvolte, furent sa marque de fabrique. Lui-même avait, semble t-il, une solide réputation de bon vivant aux frasques multiples.


S’il a eu du succès auprès de celles et ceux qu’il peignait et qui, du coup, le recommandaient à d’autres, c’est très certainement parce qu’il savait mieux que personne capter leur façon d’être et de penser. Il a gagné beaucoup d’argent, mais il en a énormément dépensé. De ce fait, lorsqu’il fut un peu moins demandé et connu, eh bien il se retrouvait couvert de dettes. Il fut même obligé de vendre une grande partie de ses biens pour pouvoir s’acquitter de tout ce qu’il devait. On l’a même dit sans aucune ressource dès 1662.

Frans Hals est né à Anvers en 1582 ou 1583. Il a eu un frère, Dirck, qui lui aussi deviendra peintre. Son père était un marchand de draps. Il est encore un tout petit garçon lorsque la famille quitte Anvers (sous la domination espagnole) pour Haarlem où il restera jusqu’à la fin de sa vie.
Il va très vite montrer un grand intérêt pour la peinture et prendra ses premiers cours auprès de Karel Van Mander un peintre maniériste. Pour autant, on ne peut pas dire que ce soit son maître qui ait influencé son travail. Il a beaucoup plus été inspiré et proche de la peinture de Jacob Jordaens par exemple.
Peu de temps avant la trentaine, Hals ouvrira son propre atelier. C’est à cette époque qu’il épouse Anneke Harmendr avec laquelle il aura des enfants mais dont un seul survivra. Elle décède en 1615 en mettant au monde le deuxième. Il se re-mariera en 1617 avec Lsybeth Reyniers qui lui donnera de très nombreux enfants dont certains deviendront peintres comme lui.
Il va très vite faire du portrait sa spécialité et aura une solide réputation en tant que tel. Dans un grand nombre d’entre eux, on ignore l’identité des personnages qui sont peints. Les portraits dits » de famille « c’est un souhait des commanditaires. Ils ont vu le jour aux Pays-Bas dans le début du XVIe siècle. On souhaitait immortaliser les différents membres d’une même famille, un peu comme on ne ferait de nos jours avec une photographie. Par ailleurs, c’était aussi une façon de montrer le statut social. Hals a été très apprécié dans ce genre d’exercice, et s’il l’a été ce fut pour son audace, son inventivité, son assurance aussi. Il les peignait dans différents décors : soit dans l’intimité de leur intérieur, soit dans celui d’un extérieur boisé, d’un jardin, ou tout simplement au cours d’une promenade.



Hals a eu de nombreux élèves, des disciples, mais sa technique en a influencé beaucoup après lui. Il est décédé dans le dénuement le plus total en 1666 et fut inhumé en l’église Saint-Bavon qui se trouve sur la place Grote Markt à Haarlem.
J’ai découvert ce peintre et ses portraits il n’y a pas tres longtemps. J’aime ses tableaux très expressifs et ses coups de pinceau vifs et détachés qui rendent les personnages particulièrement vivants. Merci pour cette biographie !
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J’avais beaucoup aimé l’expo qui lui fut consacrée en 2019 à Paris. Ses portraits sont vraiment d’une magnifique expressivité et il en ressort toujours quelque chose d’heureux. En cette période qui nous prive d’expositions (que j’attends avec impatience 🙂 ) j’avais envie de re-parler de lui. Merci pour votre intérêt et passez un doux après-midi Elisabeth ♥
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Ca me touche de découvrir le parcours de tels artistes. C’est très inspirant et cela invite à beaucoup d’humilité. Merci beaucoup Lisa. 🤍
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Absolument ! Merci pour votre commentaire Soa ♥
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