» Quelle grâce ont certains mots ! Comme le mot bruit est aigu et vibre dans l’air ; comme le mot silence est reposant et doux. Et ceux des saisons : hiver, ce n’est pas laid hiver, c’est mat, discret, décoloré .Mais printemps : quel élan, quelle jeunesse ! Cela s’élance, c’est étoffé, sonore, chantant . Et l’été : est-ce que ce petit mot bref et bien équilibré ne peint pas admirablement, par sa forme écrite et le son de ses deux syllabes, la saison du milieu ? Graphiquement, cela figure comme une balance avec deux plateaux égaux : été. On peut l’aborder dans les deux sens, il est immuable. On peut le lire de gauche à droite, de droite à gauche, c’est toujours été ! Et l’automne ? Quelle mélancolie, l’automne ! Écoutez se prolonger le son qui, sans force pour s’élever, retombe. Cela endort l’oreille. Voyez comme son m suivit d’un n fait descendre par degrés la dernière syllabe et lui donne cette grâce triste de déclin. » Louis de ROBERT de LÉDERGUES dit Louis de ROBERT (Écrivain français- Extrait de son livre Paroles d’un solitaire(1923)
