» Le brouillard indolent de l’automne est épars.
Il flotte entre les tours comme l’encens qui rêve
Et s’attarde après la grand-messe dans les nefs ;
Et il dort comme un linge sur les remparts.
Il se déplie et se replie. Et c’est une aile
Aux mouvements imperceptibles et sans fin ;
Tout s’estompe ; tout prend un air un peu divin ;
Et, sous ces frôlements pâles, tout se nivelle.
Tout est gris, tout revêt la couleur de la brume :
Le ciel, les vieux pignons, les eaux, les peupliers,
Que la brume aisément a réconciliés
Comme tout ce qui est déjà presque posthume.
Brouillard vainqueur qui, sur le fond pâle de l’air,
A même délayé les tours accoutumées
Dont l’élancement gris s’efface et n’a plus l’air
Qu’un songe de géométrie et de fumées. » Georges RODENBACH (Poète symboliste et romancier belge – Extrait de son recueil Le miroir du ciel natal)
