« Le règne de Louis XV n’a rien apporté aux jardins de Versailles, si ce n’est le remodelage du bassin de Neptune et l’achèvement de son décor sculpté dans le style monumental du règne de Louis XIV. En revanche, au domaine de Trianon, où Louis XV peut mener un genre de vie plus conforme à son tempérament et à ses goûts, les adjonctions sont importantes. Le roi, bien secondé par Ange Jacques Gabriel, est ici son propre architecte. Mais le style si cohérent des travaux engagés à Trianon doit beaucoup à Madame de Pompadour que l’on prend parfois pour la muse du rococo alors qu’elle a été, au contraire, l’inspiratrice d’un retour à un meilleur goût.
Le Petit Trianon commencé en 1760 n’est achevé qu’en 1764 à la mort de Madame de Pompadour, à qui il était destiné. Son premier occupant sera Marie-Antoinette : ce sera le cadeau que fera Louis XVI à sa jeune épouse. Le Petit Trianon est probablement inspiré des projets primés par le concours de l’Académie d’architecture en 1758, lesquels comptent parmi les premiers effets de la reprise en mains de l’école française menée par Marigny.



Le Pavillon français ( 1749 ) est l’exemple accompli du style Gabriel. C’est un pavillon de repos construit à Trianon au plus près d’une ménagerie créée par Louis XV et principalement vouée à la sélection des plus belles et des plus rares espèces de gallinacés. Ce pavillon s’appelait d’ailleurs primitivement le Pavillon de la ménagerie. Il a emprunté le nom qu’on lui donne aujourd’hui, au jardin français ( Jardin du roi ). En vérité, le jardin est moins français que ne l’est le pavillon lui-même. Les élévations sont empruntées au Trianon de marbre voisin. Elles illustrent l’idéal architectural de Louis XV. » Jean-Marie PÉROUSE DE MONTCLOS (Historien de l’architecture, français)
