» Dans chaque branche de ces fleurs, des centaines de mots sont cachés. Ne les traitez pas insouciamment » Jujiwara no HIROTSUGU (Poète et aristocrate japonais)
Pour illustrer cet article : quelques bouquets de peintres

» Au temps où les fleurs avaient la parole, y avait-il un moyen plus délicat d’exprimer une pensée secrète que l’offrande d’une simple fleur ou d’un bouquet composé ? Objet dit de culture au double sens du jardinage et de l’art, le langage des fleurs substituait feuillages et corolles au vocabulaire des sentiments.
On croit qu’il a pris naissance dans les harems orientaux où les femmes, jalousement surveillées, ne disposaient d’aucun autre intermédiaire pour échanger les messages de l’amour défendu et échapper à la vigilance du sultan ou du vizir.

L’antiquité grecque et romaine avait présenté les fleurs sous un jour un peu différent. La mythologie les associait non pas à des sentiments mais à des personnes, dieux, déesses, familiers de l’Olympe. Les thèmes se sont recoupés souvent, soit que les nymphes se changent en fleurs pour échapper aux entreprises de tel ou tel dieu séducteur, soit que les épouses de ces derniers, jalouses, utilisent ce même moyen pour éliminer leurs rivales.
Au Moyen-Âge, la symbolique des fleurs se met au service de la pensée chrétienne. Elle met plutôt en scène des saints, des ermites, mis à l’épreuve par le démon, sous la forme de quelque monstre ou dragon qu’ils doivent combattre physiquement. Malgré les blessures reçues, l’élu de Dieu parvient à terrasser l’animal et à chaque goutte de son sang tombée sur le sol , une fleur jaillit, généralement blanche, symbole de pureté.

De même les croisés ont rapporté de la Terre sainte de nombreuses histoires issues de leurs combats et du sang versé auprès de la sainte croix. Le culte martial a donné à la Vierge Marie le qualificatif de rose mystique, tandis que les fleurs des champs recevaient un nom nouveau en liaison avec des vêtements de Notre-Dame tel le liseron (bonnet de nuit de Notre-Dame), les digitales (gants de Notre-Dame et tout un catalogue de références naïves et dévotes.
Les troubadours donnent aux fleurs une tonalité davantage profane, mais constamment fleurie. Qu’on se souvienne des Jeux floraux de Toulouse, sortes de joutes poétiques récompensées par la violette d’or ou l’églantine d’or. La tradition populaire, en récits oraux ou en chansons, nous fait assister à de nombreux miracles végétaux qui suivent l’ensevelissement de couples d’amants.

A la Renaissance, la mythologie antique revient sur scène. Sans jamais épuiser le thème, les poètes de la Pléiade loueront les fleurs, en particulier les espèces sauvages, pâquerette, narcisse, giroflée et bien sur la rose, reine des fleurs.
Mais ce fut en Angleterre que le langage des fleurs prit une extension inégalée à la suite du poète Chaucer qui traduisait le Roman de la rose. Un siècle plus tard, Shakespeare fit appel, dans de nombreuses pièces et dans ses sonnets, à un code floral dont l’élément le plus connu est le bouquet d’Ophélie (Hamlet). Si ce code n’est plus en usage aujourd’hui, on peut tout de même observer que les surnoms poétiques donnés aux fleurs en Angleterre, sont toujours vivaces : Holly hock (crosse bénie pour la rose trémière) , Lady’s sliper (pantoufle de dame pour orchidée) etc…

Le XIXe siècle se reprit de goût pour la botanique imagée. De nombreux ouvrages rassemblent ou complétèrent les symboles encore en usage. Qu’en reste t-il d’intelligible aujourd’hui : le sapin, le houx, le gui qui nous annoncent les joyeuses fêtes de fin d’année. Le trèfle, prometteur de chance, à condition qu’il ait quatre feuilles. Le muguet, gage de bonheur, offert au premier mai et le chêne brodé d’or qui fait une guirlande sur le képi des généraux. C’est peu …
Alors que, selon l’invitation dites-le avec des fleurs, nous en offrons de plus en plus, leur message caché est, de plus, en flou ; marque d’amour, d’amitié, remerciement, sans préciser davantage. Le retour à la nature, refuge contre le monde industriel, parviendra t-il à remettre à la mode le langage des fleurs ? Nul ne le sait. Et pourtant, comme il est captivant ce parcours botanique, surtout lorsque les poètes, fidèles amoureux de la nature, accompagnent de page en page le cheminement du lecteur ! » Marthe SEGUIN-FONTES (Auteure française, illustratrice)
J’adore comme toujours….. phil . merci beaucoup
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C’est moi qui vous remercie infiniment pour votre intérêt et je suis vraiment heureuse que vous aimiez mes différents articles. Très belle journée Philippe ♥
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🌹🌹🌹🌹🌹🌹🌹🌸🌸🌸🌸🌸🌸🌸 merci Lisa
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Avec plaisir Mélie et merci pour toutes ces jolies petites fleurs 🙂 ♥
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La fleur embellit la vie de valeurs… mais le poète, de coutume, a donné son cœur à la plume, qui lui parle bas…de hauteurs.
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Tout à fait ! ♥
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Très belle étude, merci ! 🙂
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Merci France ! ♥
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Superbe, j’adore.
Merci, à bientôt.
Cat
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Merci à vous Cat ! Je suis ravie que cela ait pu vous plaire. Belle journée ♥
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