» Les rameaux dénudés De leur habit d’été Ont tapissé la route De leurs feuilles pourpres
Le doux bruit de la pluie Sur la feuille jaunie Chante sa mélodie Sur un air de mélancolie
La feuille d’automne Dans sa plainte monotone Déchirée par le temps Pleure son ancien printemps
Jonchée sur les pavés La feuille s’est noyée Dans les averses d’automne Que les orages entonnent
La feuille colorée Que son arbre a laissé Se retrouve seule Allongée sur le sol
La feuille d’automne Dans sa plainte monotone Transportée par le vent Plane en tourbillonnant » Philippe ROPRAZ (Poète français – Extrait de son recueil Fleurs du soleil)
« Qui n’a pas vu la route, à l’aube entre deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que l’espérance. L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance.L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme.
On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre cœur s’appelle « À quoi bon ! ». L’enfer, c’est de ne plus aimer. Les optimistes sont des imbéciles heureux, quant aux pessimistes, ce sont des imbéciles malheureux. On ne saurait expliquer les êtres par leurs vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance, si profond qu’il faille chercher. Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir.
Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. » Georges BERNANOS (Écrivain français – Discours prononcé lors d’une conférence en 1945)