
» C’est une histoire d’amour et d’art, d’inspiration et de passion, dont les échos ont infusé des œuvres majeures du siècle dernier. Un roman vrai, infiniment lié au mouvement surréaliste. Gala, un prénom d’égérie choisi par elle, a emporté quelques clés avec elle. Née le 26 août 1894 à Kazan, sur les bords de la Volga, en Russie, Elena Ivanovna Diakonova, troisième enfant d’une fratrie de quatre, grandit à Moscou au sein d’une famille bourgeoise et cultivée.
Orpheline de père à 11 ans, elle trouve auprès de son beau-père, un avocat éclairé avec lequel s’est remarié sa mère, une figure bienveillante qui lui offre les moyens de poursuivre des brillantes études au lycée Brukhonenko. Férue de littérature et de poésie, l’impétueuse jeune fille, qui affiche précocement son indépendance, côtoie les milieux artistique moscovites.
Une tuberculose dont elle ne guérit pas va bousculer le cours de son existence. Envoyée en 1912 au sanatorium de Clavadel, dans les montagnes suisses près de Davos, l’exilée s’y morfond jusqu’aux neiges de décembre lorsqu’elle croise le regard d’un adolescent mélancolique , Eugène Grindel, qui prendra, quatre ans plus tard, le nom de Paul Éluard, emprunté à sa grand-mère maternelle et qui vient d’avoir tout juste 17 ans.
Les vers fulgurants qu’il griffonne éblouissent Gala. Elle va le convaincre de publier. Plus magnétique que belle, sensuelle et émancipée, la brune à l’esprit raffiné ne tarde pas à inspirer à Paul Éluard l’élan d’un lyrisme fougueux, en même temps qu’ils découvrent l’un et l’autre l’ivresse des premières amours.
Déjà le poète considère sa muse comme sa fiancée, et tandis que l’Europe s’apprête à sombrer dans la tourmente de la Grande Guerre, les amants séparés, qui doivent chacun regagner leur pays, se promettent l’un à l’autre.

Dix huit mois plus tard, malgré les risques qu’elle encourt, l’amoureuse intrépide entreprend de traverser seule l’Europe pour épouser l’homme qu’elle aime. Hébergée sans enthousiasme par les parents Grindel à Montmartre, elle exhorte le poète de venir la rejoindre. Le 21 février 1917 à la faveur d’une permission du poilu, ils unissent leur destin. Gala se convertit au catholicisme pour pouvoir bénéficier d’une bénédiction religieuse. L’année suivante elle met au monde une petite fille, Cécile, dont elle se hâtera de déléguer l’éducation à la famille Grindel, préférant jouir pleinement de sa liberté de femme.

Financé par le père du poète, ils emménagent dans une modeste maison du Val-d’Oise.Dans cet immédiat de l’après-guerre, la révolution dadaïste ébauche du mouvement surréaliste, fédère une communauté d’artistes aussi radicaux qu’iconoclastes, qui rêvent de réinventer le monde. Gala et Paul en font partie, fréquentant, dans les volutes de fumée et des nuits sans sommeil, Tristan Tzara, André Breton, Philippe Soupault ou encore Francis Picabia.
Au Sans Pareil à Paris, expose pour la première fois les dessins et collages du peintre allemand Max Ernst, dont l’œuvre fascine aussitôt le poète. Le reconnaissant comme un frère d’âme, ce dernier se rend à Cologne avec Gala pour le rencontrer. Amitié immédiate, coup de foudre à trois !

Quand paraît le recueil Répétitions en 1922, le poète fait appel à Max Ernst pour l’illustrer. La libertine Gala, avide d’expériences, n’entend pas résister au charme fou de l’artiste visionnaire. Pour mieux anticiper peut-être leur inévitable liaison, c’est le poète qui le premier l’encourage, exhibant devant le peintre conquis, les photos de la muse au corps parfait. L’époque n’invite t-elle pas à s’affranchir des carcans bourgeois, à libérer ses pulsions et célébrer l’amour !
Ernst est marié à l’historienne d’art Luise Straus, laquelle prend acte de la relation entre son époux et Gala et constate assez joliment qu’elle reçoit l’amoureux consentement du poète. Max, très épris, décide de quitter sa famille et son pays et s’installe chez ses amis. Durant les années folles, la maison de Saint-Brice-sous-Forêt, qui abrite le triangle amoureux, accueille aussi l’intense effervescence créative de la période. C’est cette atmosphère que l’artiste restitue dans le tableau choral Au rendez-vous des amis où il peint des surréalistes tels que André Breton, Philippe Soupault, Benjamin Péret et se met en scène sur les genoux de Dostoïevski, l’écrivain fétiche de son amante russe.

en 1923, tous trois emménagent dans un charmant pavillon avec jardin à Eaubonne. Ernst recouvre les murs de fresques ornées de motifs loraux et êtres fantasmiques. Ces œuvres trahissent aussi son obsession de Gala dont il réalise un portrait, nue et mutine, avec un ruban vert flottant autour d’elle. Mais la douceur de vivre se voile bientôt de la douleur du poète. Éluard souffre de partager sa muse plus encore que sa femme. En mars 1924, rongé de jalousie, il disparaît sans un mot.
Mais cette disparition n’apaise pas sa souffrance. Gala lui manque et après deux mois d’absence, il lui adresse de Tahiti une lettre pleine de tendresse, la suppliant de le rejoindre. L’insoumise part le retrouver en Asie accompagnée de Max Ernst. Cependant, en dépit des tensions que traversent désormais le trio, la complicité qui lie le peintre et le poète ne faiblit pas.
La fin du triangle amoureux, qui a tant stimulé la créativité des deux artistes, est inéluctable. En 1929, Paul Éluard devra s’effacer devant un rival plus redoutable. En effet, après un séjour à Cadaquès chez Salvador Dali, le poète rentre seul à Paris. Gala vient de rencontrer celui qui restera l’homme de sa vie. » Sylvie DAUVILLIER (Journaliste, grand reporter, photo-journaliste française)

Je ne savais pas que Gala et Eluard avaient eu une fille ! Merci pour ce Jules et Jim des années folles !
J'aimeJ'aime
Une fille élevée par les parents d’Éluard. On en parle peu. Merci Tatoune ♥
J'aimeJ'aime
une vie très aventureuse celle de Gala!
J'aimeAimé par 1 personne
Aventureuse, amoureuse, libérée … le climat surréaliste dans lequel elle évoluait probablement 🙂 Merci Matilde ♥
J'aimeAimé par 1 personne
Merci pour votre intérêt et belle journée 🙂
J'aimeAimé par 1 personne
Très interessant! Bravo! Merci Beaucoup !
J'aimeAimé par 1 personne
Un sacré trio ! Merci beaucoup et belle journée à vous ♥
J'aimeJ'aime
Un trio d’artistes ! Merci pou cette découverte Lisa.
J'aimeAimé par 1 personne
Oui , comme je l’ai dit un sacré trio ! Je suis ravie d’avoir pu vous les faire découvrir. Belle journée Catherine 🙂
J'aimeJ'aime
Quelle femme fascinante, très sympa de voir ces photos qui illustrent cet article très intéressant.
J'aimeAimé par 1 personne
Une sacré personnalité en effet. Je suis ravie que l’article vous ait plu Florence. Douce après-midi 🙂
J'aimeJ'aime