( Vidéo : Inessa GALANTE ( Soprano )
Les historiens ont beau s’être évertués à trouver à qui revient la paternité de cette œuvre magnifique (compte tenu que celui qui l’a proposée a émis un doute sur le fait que ce soit la sienne), ils n’y sont pas vraiment arrivés . Explication :
Vladimir Vavilov était un compositeur russe passionné par la musique italienne et plus particulièrement la musique baroque. Il s’est fait surtout connaître pour ses compositions pastiches. Le pastiche musical, dans son sens général, c’était d’écrire une musique en imitant un style bien particulier qui plaisait. Ce procédé a été fort utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles, à l’opéra où l’on reprenait des airs connus ou des musiques à la mode et qu’on les rassemblait dans une seule et même œuvre.
Vavilov, qui pensait que son propre travail n’allait pas lui apporter succès et reconnaissance, avait pour habitude d’utiliser cette supercherie, d’écrire des partitions en faisant supposer qu’elles n’étaient pas de lui mais de quelqu’un d’autre C’est la raison pour laquelle, il a fait éditer en 1970 cette page en indiquant » Ave Maria, auteur inconnu du XVIe siècle « . Il s’était probablement inspiré en pastichant un autre, oui mais qui ?
Il n’en fallait pas plus pour que les historiens et musicologues cherchent à savoir qui pouvait être cet auteur inconnu. On a alors pensé à Giulio Caccini, un compositeur du XVIe siècle, talentueux ténor, harpiste et luthiste qui avait travaillé à Florence au service de la famille Médicis. C’est un peu surprenant que l’on ait pu faire référence à lui, parce que globalement ce n’était pas son style, ni même d’ailleurs celui que l’on pouvait trouver chez un compositeur italien de cette époque ( Renaissance ). Mais beaucoup ont affirmé qu’il y avait un petit quelque chose de Caccini à la fin de sa vie …. On a aussi émis l’idée que ce pouvait être un de ses élèves, méconnu, un homme ou peut être même une femme pourquoi pas.
L’œuvre deviendra donc pour beaucoup l’Ave Maria de Caccini !. Bien qu’elle ait été interprétée pour la première fois par la mezzo-soprano ( puis contralto plus tard) Irina Arkhipova, elle obtiendra la reconnaissance internationale et le succès avec la soprano Inessa Galante en 1994/95(vidéo ci-dessus) . Elle l’interprétait très régulièrement dans ses concerts.
Vavilov n’assistera pas au succès de sa partition puisqu’il est décédé, très pauvre, en 1973 d’un cancer .
Cette œuvre émouvante, rayonnante, céleste a été reprise souvent, même en danse comme, par exemple, avec la danseuse russe du Bolchoï Tatiana Osipova, dans une chorégraphie de Alisa Aslanova et un vocal assuré par la soprano-colorature Sumi Jo :