
« Mieux vaut revenir à l’étonnement face à cette œuvre, l’écouter et la réécouter comme totalement nouvelle, inconnue. Nous ne manquerons pas de nous rendre compte que la grande fugue appartient à un univers de conflits. La Grande Fugue est une immense progression symphonique, à la somptuosité quasi orchestrale, mais pas une œuvre de total triomphe, car l’exultation de ses phases d’élan ascensionnel conserve presque toujours une couleur tragique. »André BOUCOURECHLIEV (Musicologue à propos de la Grande Fugue)
( Vidéo : Le QUATUOR BUSCH )
Boucourechliev avait raison, la Grande Fugue est réellement une partition qui nous plonge dans un univers de conflits. C’est, en effet, cette lutte de l’esprit toujours plus vive et plus forte qui a tant caractérisé Beethoven dans sa musique et qui ne le quittera jamais.
C’est une œuvre composée entre 1824/25. Le compositeur était sourd, torturé, désespéré. Ce morceau a été, au départ, le dernier mouvement ( final ) du Quatuor 130. Un mouvement qui ne fut pas tellement apprécié par le public à l’époque, mais que Beethoven va absolument tenir à conserver malgré tout. Il le fera donc publier seul et lui donnera le nom qui est le sien aujourd’hui. Il faudra attendre le XXe siècle pour que cette page soit réellement reconnue et appréciée à sa juste valeur.
Elle est incroyablement visionnaire, complexe, expressive, puissante, surprenante, grandiose, dramatique, exigeante, longue, passe par des moments dans l’ombre et d’autres plus lumineux et enfin comme l’avait dit un jour Igor Stravinsky : elle est contemporaine et restera à jamais contemporaine.