La lecture …

 »  Il arrive que je reconnaisse l’intelligence d’un écrivain ou la fluidité et l’élégance de son style, mais que je ne ressente pas grand-chose de plus. De tels livres semblent s’évaporer presque immédiatement après que je les ai lus, sans doute parce que la mémoire est consolidée par l’émotion. Les expériences d’émotion intense s’attardent dans l’esprit ; les tièdes, non. Les grands livres, à mon avis, se distinguent par une urgence dans le récit, une nécessité que l’on peut sentir viscéralement. La lecture n’est pas une activité purement cognitive consistant à déchiffrer des signes; c’est l’entrée dans une danse de significations dont les résonances vont bien au-delà de ce qui n’est qu’intellectuel. »  Siri HUSTEVDT (Écrivaine américaine, poétesse, essayiste – Extrait de son livre Vivre, penser, regarder )

Siri HUSTVEDT
Siri HUSTVEDT

 

 

 

 

Histoire d’un ballet : PAPILLON de Marie TAGLIONI …

 

( Vidéo : Irina KOLKALKOVA & Sergei BEREZHNOI )

Unique chorégraphie de celle qui fut, en effet, la grande étoile du ballet romantique, Marie Taglioni , associée à la musique teintée d’un certain humour de Jacques Offenbach. Ce sera la seule fois où le compositeur écrira pour la danse. Il réutilisera des extraits de sa partition pour d’autres de ses œuvres par la suite.

C’est l’histoire de Farfalla, une servante, amoureuse du prince Djalma. Par jalousie, la fée Hamza va transformée la jeune fille en papillon. Ce n’est qu’à la fin que l’animal brûlera ses ailes et reprendra forme humaine. Farfalla épousera alors son prince. Le livret est de Jules Vernoy de Saint-Georges.

Marie Taglioni imaginera ce délicieux ballet pour celle qui fut son élève et son amie : Emma Livry. Il sera créé à l’opéra de Paris en 1860 avec Louis Mérante dans le rôle de Djalma. Napoléon III sera présent, et viendra le revoir quelques jours plus tard.

Emma LIVRY Papillon

C’est très gracieux, aérien, léger, baignant dans l’esprit romantique des ballets de l’époque et ce sera un triomphe. La critique dira d’Emma :  » elle frôle le sol sans le toucher,  semble s’envoler comme une plume et retombe comme un flocon de neige.  »

Malheureusement, la pauvre Emma va connaître un destin tragique : en 1862, alors qu’elle attendait, dans les coulisses, son entrée en scène, son tutu passe un peu trop près d’une rampe à gaz. Comme cela se faisait à l’époque, les rampes à gaz servaient à éclairer la scène, mais elles étaient aussi très dangereuses. Le tutu  d’Emma s’enflamme. On tente tant bien que mal d’intervenir, mais elle sera gravement brûlée sur plusieurs parties de son corps et son visage. Elle va énormément souffrir des suites de ses brûlures, et décédera d’une septicémie quelques mois plus tard. Après la mort tragique de la jeune danseuse,

Marie Taglioni ne souhaitera plus qu’il y ait d’autres représentations. Emma Livry fut inhumée au cimetière de Montmatre.

Le ballet sera revu et  repris, bien des années plus tard, par d’autres chorégraphes comme par exemple  Marius Petipa  sur une musique de Ludwig Minkus ou Mikhail Fokine avec celle de Schumann. Le chorégraphe Pierre Lacotte présentera une reconstitution du Pas de Deux en 1976.