La couleur …

 » La couleur ne se laisse pas étendre sans limite. On ne peut que penser ou se représenter mentalement le rouge sans limite. Lorsque l’on entend le mot rouge, ce rouge n’est pas limité dans notre représentation. La limite doit être ajoutée par la pensée, de force s’il le faut. Le rouge qu’on ne voit pas matériellement, mais qu’on se représente dans l’abstrait, éveille, par ailleurs, un image précise et imprécise, d’une résonance physique purement intérieure. Ce rouge, qui résonne à partir du mot même, n’a pas en lui de vocation particulière au chaud ou froid. Cela devra être ajouté par la pensée, comme des dégradés insensibles de tons rouges.

Les couleurs claires attirent davantage l’œil et le retiennent. Les couleurs claires et chaudes le retiennent plus encore : comme la flamme attire l’homme irrésistiblement, le vermillon attire et irrite le regard. Le jaune citron vif blesse les yeux. L’œil ne peut le soutenir. On dirait une oreille déchirée par le son aigre de la trompette. Le regard clignote et va se plonger dans les calmes profondeurs du bleu et du vert.

Le bleu apaise et calme en s’approfondissant. En glissant vers le noir, il se colore d’une tristesse qui dépasse l’humain, semblable à celle où l’on est plongé dans certains états graves qui n’ont pas de fin et qui ne peuvent pas en avoir. Lorsqu’il s’éclaircit, ce qui ne lui convient guère, le bleu semble lointain et indifférent, tel le ciel haut et bleu clair. A mesure qu’il s’éclaircit, le bleu perd de sa sonorité, jusqu’à n’être plus qu’un repos silencieux, et devient blanc.  » Vassily KANDINSKY ( Peintre russe et théoricien de l’art)

KANDINSKY Vassily
Vassily KANDINSKY ( 1866/1944)

Cecilia PAREDES …

«  Il y a un dicton qui dit ‘ l’œuvre est si locale et véridique à ses origines, qu’elle devient universelle « . Ceci est très lié à ce que je pense que l’art devrait être. Respectez votre vérité, analysez exactement ce que vous voulez dire et faites-en votre mantra quotidien. Cela vous amènera au niveau de ceux qui ne transigent pas avec un succès éphémère et des ventes faciles. C’est un chemin plus difficile, une vie difficile, mais l’art sérieux n’a pas sa place dans le mensonge.

J’enveloppe, couvre, ou peins mon corps à partir du même modèle que le tissu  et je me représente dans le cadre de ce paysage. Par cet acte, je travaille sur le thème de construction de ma propre identité avec mon entourage  et la partie du monde où je vis, et que je peux appeler ma maison. Je suis une nomade, ainsi peut-être que ceci est aussi un besoin de faire un processus de transfert constant.  » Cecilia PAREDES

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Cecilia PAREDES

Cecilia Paredes est une talentueuse artiste péruvienne, réputée dans le monde entier,  vivant une partie du temps  à Philadelphie aux Etats Unis et une autre à Lima au Pérou. Une passionnée de body-painting qui a associé cette passion à son métier de photographe.

Elle se met en scène en peignant  ( le plus souvent seule, ou parfois avec l’aide d’une assistante pour un rendu parfait, lorsqu’elle ne peut y arriver  ) une partie de la peau de son corps, ou le corps entier,  d’un motif similaire au  tissu qui sert de décor, de paysage pourrait-on dire,  et se fond dans celui-ci comme un camouflage. Le tout devient un tableau, une œuvre d’art qu’elle place face à une caméra pour en faire une photo .  C’est un travail d’autoportrait photographique et pictural très original, assez incroyable et surprenant.

 » Dans mon travail le corps n’est pas caché, il imite juste l’arrière-plan. Il en fait partie. C’est une forme de liberté, se sentir à l’aise dans un nouveau monde …  » C.P.

Elle tient ainsi à exprimer la présence d’un artiste dans une œuvre, la limite qu’il peut y avoir entre elle et le corps, le réel et l’imaginaire, mais c’est aussi pour elle qui a dû quitter le Pérou pour des raisons politiques et partir en exil, une sorte de travail sur  la migration, le déplacement, la relocalisation, une envie d’être enfin chez soi.  Dans ce genre de travail elle n’a plus de frontières. Elle vient de quelque part, pour aller ailleurs au travers de son imagination, de sa fantaisie, de son art. C’est donc une démarche artistique assez profonde puisqu’elle s’associe à un travail intérieur et des ressentis qui amène sa vision du corps à quelque chose de sacré

« Une partie de ce qui nous rend humains est notre capacité à voir au-delà de la porte étroite par laquelle nous entrons dans le monde, à grandir au-delà de la culture de notre naissance en reconnaissant d’autres cultures, d’autres modes de vie. Pourtant notre culture de naissance est toujours imprimée sur nous. Le mystère de l’identité n’est jamais entièrement résolu. Nous sommes toujours d’une époque et d’un lieu où  nous ne pourrons jamais retourner.  » C.P.

Cecilia Paredes est née en 1950 à Lima au Pérou. Lorsqu’elle était étudiante, elle a fait partie d’un mouvement politique dont les idées n’étaient pas en accord avec celles du gouvernement en place. Ses prises de position la conduiront à partir en exil. Direction les Etats Unis où elle s’est reconstruite avec son mari qui travaille dans la musique lyrique. Elle même est une passionnée de musique classique.

Depuis sa jeunesse, de l’eau a coulé sous les ponts, et elle a pu retrouver son pays dans lequel elle vit désormais une partie du temps, en alternance avec Philadelphie. C’est une militante assidue et engagée pour la préservation de l’environnement. Elle se bat contre la mondialisation et ce qu’elle appelle un monde factice.

Sa formation artistique s’est faite dans sa ville natale au départ,  à Cambridge en Angleterre où elle a fait des études d’art, à l’Académie des Beaux Arts de Rome, et à l’Université de Calgary au Canada.

Son travail fait l’objet d’expositions internationales dans des musées et des galeries. Il a été très souvent récompensé par de nombreux prix et lui a valu de recevoir de subventions intéressantes pour poursuivre dans la voie qu’elle s’est tracée.

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