» Tout le monde fait des bêtises. Le fin du fin, c’est de les faire au moment où personne ne regarde. » Peter USTINOV (Écrivain, comédien, metteur en scène, metteur en scène et producteur anglais )
Mois : avril 2020
Le ruisseau …

Le ruisseau dans la forêt …
( Vidéo : Elena BEKMAN-SHCHERBINA au piano)
Anton Arensky a fait ses études au Conservatoire de musique de Saint Pétersbourg où il reçut, à sa sortie, une médaille d’or en composition. Élève de Rimsky Korsakov, il sera un jour, à son tour, un éminent professeur de contrepoint et harmonie au Conservatoire de Moscou ( On compte Rachmaninov et Scriabine parmi ses élèves).
Il eut, par ailleurs, la réputation d’être un compositeur de pages infiniment mélodieuses. Celle-ci est le bel exemple de son expression mélodique, son élégance, son côté imaginatif. Elle ne manque pas de lyrisme et charme.
Elle fait partie d’un recueil de 26 pièces pour piano qui fut écrit en 1894.
A la découverte de Pierre Joseph REDOUTÉ …

Pierre Joseph Redouté est né en 1759 en Belgique. On l’appelle le Raphaël des fleurs. Il a traversé différents régimes politiques français : il a vécu sous Louis XVI, a connu la Révolution, le Consulat, l’Empire, la Restauration et il va mourir sous Louis Philippe.
Arrivé à Paris, il assiste au succès de Gérard Van Spaendonck, peintre des plantes, et il y voit là une façon pour lui de mieux gagner sa vie. Il aime beaucoup se promener dans le Jardin du Roi où il dessine et peint ( aquarelle ) d’après nature. Par la suite, il fera des rencontres importantes qui lui permettront de fréquenter non seulement les milieux scientifiques, botaniques, mais également de côtoyer la noblesse.
C’est ainsi qu’il entre su service de la reine Marie-Antoinette en 1788 et devient son professeur personnel de dessin.
Un jour il deviendra le peintre officiel et favori de Joséphine de Beauharnais qui appréciait tout particulièrement ses fleurs. L’orangerie, les serres et les jardins de la demeure de l’impératrice à la Malmaison, seront un cadre merveilleux pour son inspiration picturale. Non seulement il y peint, mais il étudie et rédige des ouvrages sur les fleurs et les plantes. Joséphine possédait, par ailleurs, une merveilleuse collection de rosiers, plus de 250 variétés venues des quatre coins du monde. Rebouté ne se lassera pas de les peindre, des aquarelles sur vélin qui auront énormément de succès. Il se consacrera à ces fleurs jusqu’au décès de sa bienfaitrice.



Ses liliacées vont également enchanter Napoléon, lequel lui passera commande de divers exemplaires pour des musées et pour la Bibliothèque de France. L’empereur le nommera, par la suite, professeur particulier de dessin de sa seconde épouse, Marie-Louise.
En 1824, il obtient le poste de Maître de dessin au Muséum d’Histoire Naturelle. Il terminera sa carrière au service de nombreuses personnalités de l’époque comme par exemple la duchesse du Berry, la reine Marie-Amélie, sa fille Marie d’Orléans, la Reine Hortense et bien d’autres femmes de la haute société qui prenaient plaisir à s’adonner à la douceur et la délicatesse de l’aquarelle, une activité reconnue de bon ton comme les leçons de broderie ou de musique.
Redouté ne fut pas seulement un peintre aquarelliste en fleurs, feuilles, fruits etc… mais aussi un excellent botaniste. Grâce à son travail très sérieux ,méticuleux, précis et raffiné d’identification et de classification, repris dans la rédaction d’une cinquantaine d’ouvrages ( des herbiers superbes ), il a contribué à ce que l’on a appelé l’âge d’or des sciences naturelles. Il a enrichi les collections royales, illustré des revues sur la flore et a également collaboré au Recueil des vélins du Muséum d’Histoire Naturelle. Ce dernier est riche de 6000 aquarelles de Redouté, voire même plus !



Avec un souci du rendu, il a même appris la technique de la gravure au pointillé auprès d’un artiste de Londres, un procédé qui lui a permis d’obtenir un travail de qualité supérieure notamment dans l’enrichissement de la couleur. Toutefois, et par manque de temps, il gravera peu personnellement, mais confiera cette tâche, sous sa surveillance, à des artistes qui travaillaient dans son atelier.
Ses motifs ont été repris non seulement sur étoffes par les manufactures de soie de Lyon, mais pour des papiers-peints en tapisseries ou des objets de porcelaine.
Malgré tout le succès qu’il a pu obtenir dans sa carrière, il va traversera beaucoup de déceptions dans sa vie, notamment ses vingt dernières années : les goûts du public avaient changé et évolué, ses ouvrages se vendaient un peu moins, il n’obtiendra malheureusement pas les postes qu’il attendait, ce qui entraînera une situation financière un peu précaire. Il meurt à Paris, assez pauvre, en 1840.
En 2000, fut créé le Prix Redouté par l’Association des Parcs et Jardins du Main, sur une idée de la comtesse Barbara de Nicolay afin de récompenser, chaque année, les meilleurs livres sur la nature, la botanique et les jardins. Cette manifestation à lieu normalement, chaque premier week-end de Juin, au château de Lude au moment de la Fête des jardiniers.

Dans le vent du printemps …
» Dans le vent du printemps
Avec des pétales est tombée
Une parole que je venais de citer.
Ne pourrait-on imaginer
Que c’était le chant de la fleur » Eihei DOGEN dit Maître DOGEN Philosophe, poète, (Grand Maître de l’École du bouddhisme zen – Extrait de son recueil Poèmes Zen)
Cessons de faire plusieurs choses à la fois …
» Cessons de faire plusieurs choses à la fois. Dans nos sociétés fondées sur la conquête, la vitesse et la réussite, tout nous pousse à accumuler les occupations pour gagner du temps : on téléphone en faisant la cuisine et en contrôlant les devoirs du petit dernier. On discute avec un ami en regardant la télévision, un magazine à la main. Nous sommes absents de ce que nous faisons. On agit machinalement sans s’imprégner ni apprécier ce que l’on fait. Sait-on seulement ce que l’on vient de dire ou de faire ? Où est passé le plaisir de la discussion avec un ami si on jette, en même temps, un œil sur le journal télévisé ? Réapprendre à accomplir un acte après l’autre permet de mieux s’y impliquer et d’en apprécier la portée. On renoue ainsi avec une certaine qualité de vie et on retrouve le plaisir de s’impliquer dans ce que l’on fait. » Catherine RAMBERT (Journaliste et écrivain – Extrait de son livre Petite philosophie du matin)

Ne marche pas …
» Ne marche pas devant moi, je ne te suivrai peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon amie. « Albert CAMUS (Écrivain, dramaturge, essayiste et philosophe français -Extrait de sa pièce Les Justes/1949)

Année BEETHOVEN : Sonate N°23 op.57 « Appassionata »…
(Vidéo : Sviatoslav RICHTER au piano)
« Un torrent de feu dans un lit de granit, un chef d’oeuvre de musique pure, une des plus parfaite et impressionnante parmi les Sonates de Beethoven, lequel, paraît il, la préférait à toutes les autres Sonates, sur le tard » Romain ROLLAND (Écrivain, passionné d’art et de musique)
Cette Sonate fort bien maitrisée est, en effet, un chef d’oeuvre, une des plus célèbres de Beethoven . Elle a fait partie, c’est vrai, de ses favorites et il se passera quatre ans avant qu’il n’en compose une autre . C’est dire si elle a dû le marquer ! . Très surprenante, dramatique, quasi bucolique parfois, lumineuse, très belle harmoniquement et rythmiquement parlant, sereine dans son merveilleux et touchant l’Andante, forte pour ne pas dire violente même, méditative aussi parfois, intense, grandiose, vertigineuse.
( Vidéo : Claudio ARRAU au piano » Andante » )
Composée entre 1804/05, elle fut dédiée à son ami Franz Van Brunswick. C’est l’éditeur Cranz qui lui donnera le nom Appassionata après la mort du compositeur. Il y en a eu d’autres chez lui, écrites assurément sous le coup de la passion amoureuse et qui auraient pu justifier ce titre. Toutefois, l’intitulé est juste si l’on pense à l’intensité émotionnelle et passionnelle qu’elle dégage.
Peut-être aussi que l’éditeur a pensé à la petite histoire vécue par Beethoven à peu près à la même époque : il partageait une amitié forte avec une pianiste française qui vivait à Vienne, Marie Bigot. Elle était mariée. C’est elle qui a, la première, a déchiffré et joué cette Sonate. Pour la remercier de ce geste, il va lui offrir sa partition. En la jouant, elle l’a séduit et elle a entraîné entre eux cette amitié empreinte de sentiments amoureux . Beethoven l’invitera à se promener souvent avec lui , sans son mari, ce qui ne va pas manquer de faire jaser et en scandaliser quelques-uns. La jeune femme protestera en disant qu’il ne s’était rien passé de compromettant entre eux. Malgré ces affirmations son époux la sommera de cesser tout contact avec le compositeur.

Je n’ai pas compris …
« Je n’ai pas encore compris
comment fonctionne le monde,
mais je sais très bien
ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant, je pose la main
sur tout ce qui est beau. » Alexandre ROMANÉS (Poète tzigane – Extrait de son recueil Paroles perdues)
Bruno CATALANO …
» Dans mon travail je suis toujours à la recherche du mouvement et de l’expression des sentiments. Je fais sortir de l’inertie la forme et la cire pour leur donner vie. Venant moi-même du Maroc, j’ai porté ces valises pleines de souvenirs que je représente si souvent. Elles ne contiennent pas seulement des images, mais aussi du vécu, des désirs, mes racines en mouvements. » – » Je suis prisonnier de mon style mais je le veux. je prends un pied formidable à faire du modelage. Le plaisir je le trouve dans cette discipline. Déchirer, creuser, c’est mon style et je pourrai faire ça jusqu’à ma mort . La reconnaissance de mon travail me procure une certaine fierté. » Bruno CATALANO (Sculpteur français )

Les sculptures de Bruno Catalano sont incroyablement saisissantes, étonnantes, expressives. Elles intriguent et subjuguent avec ces corps ouverts au milieu, traversés par un vide, une invisibilité qui se fond dans le paysage, et ce qui est d’autant plus talentueux c’est que ce sont des pièces assez monumentales.
Le voyage est un thème qui l’inspire beaucoup, probablement parce que c’est quelque chose qu’il a vécu lui-même, le jour où il a dû quitter son Maroc natal. Elles expriment l’exil, le détachement, la quête d’un ailleurs, en espérant qu’après les déchirures, il sera porteur de bonheur. Ses voyageurs partent, en effet, valise à la main vers l’inconnu à la recherche d’un monde idéal. Ces pièces portent également en elles tout la force et la fragilité de l’être humain. Un ensemble de choses qui les rend très touchantes.
Bruno Catalano est un sculpteur, ou plutôt comme il aime à se définir lui-même, un artisan sculpteur, né en 1960 au Maroc. Après une enfance heureuse, il connait la déchirure de partir de ce pays qu’il affectionne. Il arrive en France en 1970, à Marseille précisément où la famille doit se construire une vie nouvelle.
Après des débuts comme électricien dans une compagnie maritime, il s’initie à la sculpture sur argile. Il a envie de construire quelque chose qui sorte de ses mains, et qui exprime ses ressentis sur le détachement, le déracinement, la reconstruction de soi. Il s’inscrit donc dans un atelier de modelage et dessin où il restera deux ans. Après l’argile viendra le travail sur bronze.
En 1985 il ouvre un atelier, fait l’acquisition d’un four et commence ses première pièces. Son talent fait qu’il se fait remarquer et acquiert une certaine réputation. La mairie du 5e arr. de Marseille lui passe commande d’un buste de l’acteur-chanteur Yves Montand pour un square. A partir de là, les galeries de la région le contactent pour qu’il expose.
En 2004, une de ses statues se détériore. Pour les besoins de la réparation, il doit creuser la partie centrale : l’idée d’une piste nouvelle dans son travail germe dans son esprit, et avec elle, la possibilité d’exprimer cette part de vide qui le poursuit . Ses premiers voyageurs déchirés vont l’amener au succès.
Il jouit désormais d’une renommée internationale. Ses sculptures font l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger, mais elles sont également acquises par des grands collectionneurs privés.