» Je passe beaucoup de temps dans les jardins de Vaux et même après plusieurs années, je reste admiratif de l’art du paysage mis en œuvre il y a 350 ans. Prenez par exemple la perspective : à maintes reprises le promeneur croit disposer d’une vue d’ensemble des jardin, il croit pouvoir les embrasser d’un seul regard et puis soudain : surprise, le jardin offre un aspect pleinement différent du précédent. Un conseil ne perdez pas de temps dans ces jardins ! Vous comprendrez que tout y est imprévisible. Selon le point de vue et l’angle que vous choisirez d’adopter, vous observerez toujours un paysage nouveau. Le Nôtre a fait en sorte que le promeneur ne puisse jamais anticiper ce qui l’attend. Ainsi la découverte est sans fin et c’est une source de motivation dans mon travail quotidien.
Lorsque l’on observe ces jardins, on se rend compte que les valeurs qui les ont inspirés peuvent entrer en conflit avec les nôtres. Elles nous paraissent anachroniques. Pensez donc, un type de jardin conçu uniquement pour être beau, sans question d’utilité ! Aucune autre ambition que de célébrer la puissance de Fouquet et la maîtrise de l’homme sur la nature : une singularité totale à notre époque ! De plus ces jardin nécessitent, pour être découverts, qu’on leur consacre du temps. Déraisonnable n’est-ce-pas ? Mais si le promeneur accepte ces règles, s’il admet de déambuler tranquillement dans les jardins, d’observer, de se retourner, alors il sera peu à peu envoûté par l’atmosphère… » Patrick BORGEOT ( Jardinier en chef au château de Vaux le Vicomte )