Christian LOUBOUTIN : l’Exhibitioniste…

 

LOUBOUTIN EXPO

«  Exhibition(niste) est un titre qui m’est venu assez rapidement. C’est un jeu de mots entre exhibition en anglais qui signifie exposition et le fait de révéler une partie de soi aux autres. S’exhiber c’est se mettre à nu. Une exposition c’est s’exposer. Les deux sont donc assez proches, mais il y a une notion plus subversive dans le fait de s’exhiber qui me plait car en montrant mon travail je m’expose de manière plus intime. J’ai conçu cette exposition comme une célébration de mon travail à travers des artisans et des artistes avec qui je collabore ou que j’admire.Je l’ai imaginée comme un voyage au travers de mes inspirations, mes rencontres, mes passions, ce qui me permet aussi de sortir du propos d’une exposition qui serait alors purement une exposition de mode. Par ailleurs elle s’inscrit dans un lieu qui m’est cher, ce que j’ai pris en compte dès la conception du propos. » Christian LOUBOUTIN

LOUBOUTIN à la Porte dorée

Après avoir célébrer ses 20 ans de carrière au Design Museum de Londres en 2012, Christian Louboutin a choisi de s’exhiber, cette annéeau Palais de la Porte Dorée, près du bois de Vincennes , anciennement musée des Arts d’Afrique et d’Océanie (construit à l’occasion de l’Exposition coloniale internationale en 1931). On peut se demander pourquoi il a choisi ce lieu plutôt qu’un autre qui aurait été  plus axé sur la mode par exemple.

La raison est simple : ce Palais et l’aquarium tropical sont des endroits où il adorait se rendre lorsqu’il avait une douzaine d’années. Il se rappelle y avoir admiré, avec fascination,  l’architecture même de ce lieu,  mais également des bas-reliefs et fresques splendides, ainsi que des objets venus du monde entier . Sa passion des objets est restée, puisqu’il est un devenu un collectionneur avisé :  » je vis entouré d’objets du monde, ils me nourrissent, ils m’inspirent « .

De plus, il y avait à l’entrée un panneau signalétique  avec une chaussure (je devrai dire soulier parce que c’est le terme qu’il préfère … mais bon)  noire  barrée , signalant,  aux visiteuses,  l’interdiction de marcher avec des talons aiguilles, compte tenu du fait que les sols étaient très précieux et délicats . Ce panneau va considérablement le marquer et l’inspirer pour ses collections futures, notamment pour le premier modèle à semelle rouge : Pigalle .

panneau signalétique Louboutin

» Je me suis mis à dessiner à cause de ce panneau. Il est possible que d’une manière inconsciente l’interdiction a joué un rôle.. » C.L

LOUBOUTIN Modèle Maquereau
Soulier Maquereau – 1987 – Christian LOUBOUTIN ( En cuir métallisé, inspiré par les poissons de l’Aquarium tropical qu’il visitait souvent étant adolescent)

Sa marque  est connue dans le monde entier : 155 boutiques, 2000 personnes employées. On peut dire qu’il a vraiment réussi à s’imposer . Qui plus est réussir dans le luxe ! Ce qui est quand même assez rare. Louboutin est le seul fondateur et propriétaire de sa marque, mais c’est un  créatif avant toute chose. Certes, son travail consiste à imaginer et dessiner des souliers, mais cela ne s’arrête pas là. Il participe de façon très active à l’association des matières, des couleurs, des accessoires etc… et répond aux commandes extravagantes qu’il reçoit parfois de ses clients, hommes ou femmes.

Cela ne le dérange pas trop car il a une imagination fantaisiste un peu folle. Tous les témoignages le donnent comme une personne très généreuse, solaire, rêveuse,  juste, humaine, fidèle en amitié, très franc, un travailleur acharné hyper sensible qui ne se prend pas au sérieux tout en étant très rigoureux et méticuleux . Un passionné d’arts décoratifs, de cinéma, de voyages, de spectacle et de cinéma.

LOUBOUTIN Jackson tournée This Is It
Paire de souliers réalisée pour Michael JACKSON en vue de la tournée This is it / Christian LOUBOUTIN

A propos du cinéma, le 7e art, Disney l’a invité à collaborer avec eux pour réaliser le soulier Cendrillon, lors de la réédition du dessin animé en DVD (2012) ) – Ce sublime soulier avait été présenté durant la Fashion Week Haute couture. Il réunit le verre, le cristal  , le tulle et la dentelle et bien sur il a une semelle rouge. les papillons ( talon et sur le dessus)  symbolisent  une Cendrillon qui est une chrysalide mais deviendra papillon, plus une jeune fille mais pas encore totalement une femme. Il faut savoir que ce modèle a été commercialisé pour vingt paires uniquement.

LOUBOUTIN Cendrillon

L’expo s’intitule :  » Christian LOUBOUTIN – L’Exhibitioniste  » jusqu’au 26.7.2020  » – 

Elle vous plonge dans une atmosphère d’un rouge éclatant, référence aux célèbres semelles. C’est clinquant mais raffiné.  Il faut savoir que le rouge pour lui ce n’est pas une simple couleur, c’est l’intensité, la profondeur, la féminité, la sensualité. Cette couleur est devenue une icône !

 

On traverse différents espaces où se déroule sa vie, sa carrière, ses créations. C’est vraiment une ôde au soulier, quel qu’il soit : pour une tenue de ville, du soir, plus décontractée, à clous , à strass, à paillettes, à pointes, à plumes, à  boutons, à  cristaux, avec des gemmes et minéraux multicolores, un laçage en forme de corset, des lettres, des symboles, ou bien encore brodé de fils d’or, d’argent, de soie colorée ( se référant dans ce dernier cas à des techniques venues de l’Inde  )  etc … il y en a de toutes sortes , pour tous les goûts, mais certes pas pour toutes les bourses  ! C’est l’aboutissement, l’accomplissement, d’un long travail . Ce créateur  a complètement bouleversé les codes de la chaussure et en a fait une sorte d’objet-fantasme.

Christian Louboutin n’est pas venu seul dans cette expo. En effet, il a tenu a ce que toutes celles et ceux, artistes, artisans, créateurs qu’il apprécie, qui ont travaillé avec lui à un moment donné de sa carrière, ou d’autres qui l’ont influencé, soient présents au travers de la conception des décors, de la mise en scène et de leurs propres œuvres. Tout cela s’unit à la présentation de ses incroyables souliers.

La Maison du Vitrail  a réalisé les huit vitraux de l’expo :

LOUBOUTIN Vitrail artisanat
Vitrail  «  L’artisanat  »  sur lequel on peut voir la bottine Bottinos au milieu d’une forme, ciseaux, machine à coudre, mètre etc… / MAISON DU VITRAIL  à Paris pour Christian LOUBOUTIN
LOUBOUTIN Vitrail
Vitrail  » La Parisienne  » sur lequel on peut voir la cuissarde Ronfifi Supra / MAISON DU VITRAIL  à Paris pour Christian LOUBOUTIN
LOUBOUTIN vitrail ballerina
Vitrail «  La Sexualité  » sur lequel on peut voir le modèle Ballerina Ultima né de sa création avec David Lynch en 2007 / MAISON DU VITRAIL  à Paris pour Christian LOUBOUTIN

» Chaque panneau a fait l’objet d’une mise au point minutieuse. Christian Louboutin nous a fait confiance et nous a laissé la liberté de traduire son imaginaire grâce à une technique très complexe. Peinture en verre, émaillage, grisaille .. Certains vitraux ont nécessité jusqu’à dix cuissons pour obtenir l’effet voulu. Pour exprimer le détail et la finesse qui caractérisent les souliers Louboutin, nous avons utilisé de minuscules pièces de verre d’à peine 2 millimètres de largeur, dont certaines proviennent de nos collections datant du XIXe siècle. Christian Louboutin est passionnant, extrêmement ouvert et très à l’écoute. C’est un artiste qui nous emmène sur des chemins que l’on aurait pas forcément empruntés. Grâce à lui on innove, on se dépasse, on repense à la technique pour traduire toutes les subtilités. Nous ne sommes pas dans l’exécution pure. On travaille main dans la main.  » Emmanuelle ANDRIEUX ( Maitre-verrier et cheffe de projet à la Maison du Vitrail)  – Il y a huit vitraux dans l’expo, un titre pour chacun : Le spectacle – La parisienne – La sexualité – L’artisanat – L’art – L’innovation – Le voyage – La couture.

La salle des vitraux est le point de départ des autres salles à commencer par celle qui permet de mieux comprendre ce que furent ses premières années, lorsque la semelle rouge n’avait pas encore fait son apparition. On peut y admirer environ une centaine de modèles, de très nombreux croquis. Parmi eux, le modèle Love Shoe : il lui fut inspiré par la princesse Diana. Il trouvait qu’elle avait l’air triste et mélancolique, assise durant des discours et il s’est mis à penser qu’avec cette paire de petits souliers, où il est écrit Love, elle aurait souri …

LOUBOUTIN Love shoes
Modèle Love Shoe ( Collection 1991/92 ) -Christian LOUBOUTIN

Dans la salle dite Des Trésors se trouve un sublime palanquin d’argent réalisé par les artisans de l’Orfèvrerie Villareal de Séville d’une très grande richesse, avec des somptueuses broderies,  qui sont l’œuvre de l’atelier du créateur de mode indien Sabyasachi Mukerjee à Calcutta. Tout autour il y a des créations emblématiques et éclectiques de Louboutin, avec, au  centre du palanquin, l’incroyable chaussure  dite  de cristal, réalisée en fait  dans un bloc de plexiglas. C’est assez beau notamment en raison du fait que les lumières jouent avec cette impression de cristal.

«  J’adore les processions mais j’ai enlevé tout ce qui était religieux. Le dais protège ce soulier de cristal inachevé dont le talon et la pointe commencent à émerger. Années après années, il y a une forme de dévotion, de folie autour du soulier, comme un culte païen  » C.L.

LOUBOUTIN palanquin d'argent Orfebreria Villareal de Séville
Palanquin d’argent réalisé par les artisans de l’ORFÉVRERIE VILLAREAL à SÉVILLE pour Christian LOUBOUTIN – Les broderies sont de l’atelier du créateur indien Sabyasachi MUKERJEE

Dans celle dite des Nudes se trouvent les sculptures en cuir réalisées par les designers londoniens Patrick  Whitaker et Keir Malen, dans les neuf tons de la gamme Les Nudes (souliers couleur chair qui ont  révolutionné la mode de la chaussure ) ….

LOUBOUTIN sculptues Patrick Whitaker et Keir Malem
Sculptures en cuir réalisées par Patrick WITAKER & Keir MALEN pour Christian LOUBOUTIN – Elles épouses les neuf tons de l’actuelle gamme des Nudes.
LOUBOUTIN Degrastrass
 » Les Nudes  » ( Collection 2012 – Elle se déclinait, au départ, en cinq tons. Désormais la gamme compte neuf teintes )

L.Atelier  nous permet de voir les différentes étapes de la fabrication d’une paire de chaussures avec tous les outils et objets qui sont utiles pour ce travail :

LOUBOUTIN Atelier

Il y a aussi la salle du  Théâtre Bhoutanais, complètement revisité par Louboutin  avec des colonnes de bois (  ce pavillon a été construit à Thimphon capitale de cet état)  pour rappeler  sa passion de ce royaume au sud est de l’Asie,  son amitié avec le couple royal, mais également son engagement de créateur pour le monde du spectacle, du cabaret, du cirque, du sport – On peut y voir Dita Von Teese qui s’effeuille  en hologramme et des souliers ayant été commandés par des stars, notamment Michael Jackson )

LOUBOUTIN Colonnes du théâtre Bhoutan
Colonne du Théâtre Bhoutannais

En parlant du Bhoutan, ce  petit  pays, entre l’Inde et la Chine, qu’il a découvert il y a une dizaine d’années et qui l’a complètement fasciné, Louboutin s’est porté acquéreur, lors d’une vente aux enchères en 2019 à Mâcon , du Pavillon du Bhoutan qui avait été construit pour l’Exposition universelle de Hanovre en 2000 . Il l’a acquis pour 188.000 euros. Ce temple avait été acheté, à l’origine, après la manifestation, par le Conseil départemental de la Saône et Loire avec le projet de le placer auprès du temple des Mille Bouddhas dans le village de La Boulaye . Mais c’était un projet fort coûteux qui, par conséquent, ne verra pas le jour. D’où sa mise aux enchères l’an dernier. Nul ne sait, à ce jour, ce qu’il compte en faire.

Dans une autre salle , intitulée Biographie, une grande fresque digitale signée  par l’artiste néozélandaise Lisa Reithana évoque la vie de Louboutin ou tout au moins les moments important de sa vie et de sa carrière …. Le Pop corridor, très rouge ,  quant à lui, est une évocation de l’engouement des stars pour les chaussures Louboutin, la place qu’elles occupent dans la culture populaire….  // Et la salle Fetish,rappelle la  collaboration de Louboutin avec le photographe et cinéaste David Lynch. On peut y voir des clichés de femmes nues avec des chaussures  du créateur qu’il est impossible de porter dans la vie réelle, mais qui sont exposées dans ces photos comme des œuvres d’art.

LOUBOUTIN Pensées Andy WARHOL 2
Souliers de la collection Pensée ( 1992/93 ) – En satin de soie, la collection a été inspirée par le travail de Andy WARHOL et celui de Allen JONES – Christian LOUBOUTIN
LYNCH LOUBOUTIN 2
Collaboration Photos/Souliers David LYNCH & Christian LOUBOUTIN

Sans oublier  le charmant Salon de la grand-mère anglaise. Les souliers sont exposés telles des œuvres d’art fétichistes  sur les meubles , dans l’horloge ou dans des vases, avec une tapisserie aux murs et une moquette au sol qui présentent des motifs auxquels on ne s’attend pas ( érotiques )

LOUBOUTIN Salon grand-mère
Salon grand-mère

Lorsque l’on fait référence à ce créateur à pense tout de suite à cet escarpin très féminin, à semelle rouge, monté sur un talon incroyablement haut ( environ 10 à 12 cms, voire 16 cms  ), qui vous coûtera dans les 500 euros environ ( ou ++++ tout dépend du modèle ) , avec laquelle (à mon humble avis ) il est difficile de marcher parce que le pied est beaucoup sur les pointes ;  ne parlons pas de courir éventuellement  : c’est impossible.

Est-ce  confortable ? Les adeptes vous diront que oui … Louboutin ajoutera qu’il ne recherche pas le confort, mais la liberté !  Quant à la hauteur du talon il en est fan  » parce qu’elles font basculer le centre de gravité et qu’immédiatement la femme se cambre. Je ne trouve rien de plus irrésistible que lorsque le muscle se crispe au niveau du mollet, ça le panache d’un muscle de cheval  » … Irrésistible à voir j’en conviens. Après que cela le soit si on a des crampes ou un mal de dos en les portant … J’en suis pas très convaincue   ! A noter toutefois que certaines de ses créations sont tellement vertigineuses qu’elles ne peuvent se porter que si ces dames sont  assises ou couchées. L’intérêt, dans ce cas, reste que la paire   est alors à considérer comme  un objet de collection, une œuvre d’art vous diront certains..

» Le rapport au talon est déjà un rapport musical, c’est un son. Le talon, ce sont des sons à partir desquels on voit beaucoup de choses : des hésitations, des décisions. Je viens plutôt de l’univers de la danse : le flamenco, sans le bruit du talon, ça n’existerait pas  » C.L.

Pourquoi cette chaussure censée être un symbole de la féminité et du chic glamour, a t-elle une semelle rouge ? L’idée a vu le jour en 1992 de façon assez inattendue : il travaillait su certains modèles et il trouvait qu’il leur manquait quelque chose.  Trop de noir certainement. Dans un coin de la pièce, son assistante est en train de se faire les ongles. Il prend le vernis rouge et peint la semelle d’une chaussure. Le  résultat l’a complètement enthousiasmé, ce fut comme une révélation  . A partir de là, les semelles des chaussures de sa marque, furent colorées en rouge. Cela les rendra iconiques, inimitables.

 » Cela commence pratiquement toujours par un dessin. Ensuite, seulement, je procède à des adaptations. Par exemple, je veux rajouter un ornement sur la Pigalle, je le pose directement sur l’escarpin existant. Je n’utilise que des feuilles A4 et des crayons HB. Lorsque je suis content des traits, je passe au 2B ou au 3B, puis au 6B pour épaissir les lignes : j’ai toute la série Pour les couleurs, j’utilise des feutres Pantone, jamais de crayons, parce qu’on peut mélanger les couleurs. Et puis il y a aussi les feutres Sharpie, que j’utilise pour signer les semelles.  » C.L.

LOUBOUTIN modèle Pigalle
Modèle Pigalle

Christian Louboutin est né en 1964 à Paris. Seul garçon au milieu de trois sœurs aînées. Son papa est ébéniste. Il s’est longtemps demandé pourquoi elles étaient aussi blondes et claires de peau que lui était aussi basané. Il se croyait adopté, mais il finira par apprendre ( très récemment ) qu’il était le fils d’un égyptien, un homme que sa maman avait aimé. Elle a choisi de rester avec son mari, et Louboutin dit souvent que son père  ne lui a jamais fait sentir qu’il n’était pas son fils. Il en parle avec beaucoup d’émotion, en affirmant combien il se rend compte que cet artisan  a eu d’influence et importance dans son travail et son amour des objets.

Enfant solitaire, chouchou de ses sœurs et de sa maman,  plutôt médiocre à l’école, c’est un adolescent rêveur qui aime passer son temps dans les musées, plus particulièrement celui de la Porte Dorée qui a l’avantage d’être situé non loin de chez lui. Il aime les voyages et sera amené à en faire quelques-uns d’où il ramène très souvent des objets.

Assez mature pour son âge, il a la totale confiance de sa mère qui le laisse sortir le soir trois fois par semaine . Il aime fréquenter les salles de spectacle, les cinémas,  les établissements à la mode comme le Palace où il croise des personnalités en vogue à l’époque. Il travaillera un temps aux Folies Bergères, assistant des girls à qui il aime créer des souliers.

LOUBOUTIN à 14 ans
Christian LOUBOUTIN à 14 ans

Il se prend de passion pour le dessin, particulièrement des chaussures . Il décide de contacter des maisons de Haute Couture pour pouvoir créer des souliers de marque. Absolument sur de lui, il contacte la Maison Dior où il réussit à obtenir un rendez-vous avec Hélène de Montemart , directrice de la mode, qui, séduite, l’envoie faire un stage chez Charles Jourdan à Romans dans l’Isère. Une expérience dont il ne garde pas un très bon souvenir car il fut très mal accepté. Il devient, par la suite, designer chez Chanel et Yves Saint Laurent.

Quelques années plus tard, il fait une rencontre très intéressante : celle avec Roger Vivier, un très réputé créateur de chaussures de luxe qui a travaillé avec des grandes Maisons de couture, notamment Dior, surnommé le Fragonnard de la chaussure. Il est l’inventeur du talon aiguille. Vivier va faire de Louboutin son assistant. Il lui apprendra les formes et va parfaire sa connaissance dans le domaine des souliers, et organise avec lui sa grande rétrospective au musée des Arts Décoratifs de Paris.

Roger VIVIER
Roger VIVIER – Christian LOUBOUTIN dira de lui :  » Il est devenu mon mentor. Il représentait l’incarnation du parisien élégant, distingué et courtois. « 

Après un certain temps passé à penser qu’il pourrait être peintre paysagiste, l’opportunité d’ouvrir sa propre Maison se présente à lui. Il s’installe rue Jean-Jacques Rousseau, pas très loin du musée du Louvre. Nous sommes en 1991. Un an plus tard, naissance de la semelle rouge.

A partir de là, il voit venir des clientes très importantes. Une des premières sera la princesse Caroline de Monaco. Dans les années 2000, il signera les chaussures du dernier défilé de Yves Saint Laurent. C’est la première fois qu’un chausseur est associé à un nom de la Haute Couture pour un défilé. Dix ans plus tard, un procès opposera Louboutin à Saint Laurent : le premier poursuit  le second pour «  violation de marque commerciale et concurrence déloyale » . Saint Laurent, en effet, avait produit des chaussures avec une semelle rouge, sans l’accord préalable de Louboutin, ce qui lui était  interdit, compte tenu du fait que la marque (et particulièrement ce détail – semelle rouge) était protégé par un brevet.

A noter qu’en 2018, la Cour de Justice de l’Union européenne a rendu un arrêt afin d’assurer la protection de  l’usage de la semelle rouge comme signature et copyright.

Louboutin ce sont aussi des chaussures pour hommes ( mocassins, Richelieu, espadrilles, sandales etc… ) des sacs, des parfums et des produits de beauté, notamment des vernis à ongles et des rouges à lèvres dans des étuis ou flacons superbes (gammes lancées en 2014)

LOUBOUTIN rouge à lèvres
Rouge Velvet Matte Lip Colour / Christian LOUBOUTIN

 

A la question : «  quelle est la création dont vous êtes le plus fier ? , il répond sans hésitation :  » quand on est père, et c’est mon cas, la création dont on est le plus fier ce sont bien évidemment ses enfants.  » – Peu d’informations circulent au sujet de ses enfants ou de sa vie privée.  On sait juste qu’il a eu une relation de longue date avec le jardinier- paysagiste Louis  Benech dont il est séparé désormais , et qu’il est papa deux petites filles.

Quelques autres modèles  de l’expo ….

pluminette louboutin
Modèle de la collection La Pluminette ( 1995 ) : C’est à la fois la passion du créateur pour les oiseaux et le music-hall :  » J’aime la légèreté des oiseaux, leur panache, leurs couleurs, leur don de transformation. Leurs plumes peuvent changer de couleur, prendre du volume. C’est cette même idée de métamorphose que j’aime chez les girls du music-hall  » / Christian LOUBOUTIN
LOUBOUTIN Let me tell you 2
Modèle Let me tell you ( collection 2010 )  – On peut le trouver en blanc également. Il représente la fascination de Louboutin pour les lettres de l’alphabet , mais aussi les symboles.  » J’aime les messages secrets, le surréalisme, tout ce qui est caché, les motifs à double sens, les jeux de mots, les jeux pour les yeux  » / Christian LOUBOUTIN
LOUBOUTIN Tromploia 1
Modèle «  Tromploia  »  à plateforme compensée, cuir noir et daim rouge. Il est fortement déconseillé de courir avec ce soulier !  –  (Collection 2017 ) – Christian LOUBOUTIN