8.3.2020 : A toutes les femmes …

 » Je veux dédier ce poème
à toutes les femmes qu’on aime
pendant quelques instants secrets .
A celles qu’on connaît à peine
qu’un destin différent entraîne
et qu’on ne retrouve jamais.

A celle qu’on voit apparaître
une seconde à sa fenêtre
et qui, preste, s’évanouit
mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
qu’on en demeure épanoui.

A la compagne de voyage
dont les yeux, charmant paysage,
font paraître court le chemin,
qu’on est seul, peut-être, à comprendre
et qu’on laisse pourtant descendre
sans avoir effleuré sa main.

A la fine et souple valseuse
qui vous sembla triste et nerveuse
par une nuit de carnaval,
qui voulut rester inconnue,
et qui n’est jamais revenue
tournoyer dans un autre bal.

A celles qui sont déjà prises
et qui, vivant des heures grises
près d’un être trop différent,
vous ont, inutile folie,
laissé voir la mélancolie
d’un avenir désespérant.

A ces timides amoureuses
qui restèrent silencieuses
et portent encore votre deuil.
A celles qui s’en sont allées
loin de vous, tristes esseulées
victimes d’un stupide orgueil.

Chères images aperçues,
espérances d’un jour déçues,
vous serez dans l’oubli demain.
Pour peu que le bonheur survienne
il est rare qu’on se souvienne
des épisodes du chemin.

Mais si l’on a manqué sa vie
on songe avec un peu d’envie
à tous ces bonheurs entrevus.
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre
aux cœurs qui doivent vous attendre
aux yeux qu’on n’a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude
tout en peuplant sa solitude
des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
de toutes ces belles passantes
que l’on n’a pas su retenir  » Antoine POL ( Poète français / Poème  » Les Passantes  » -Extrait de son recueil Émotions Poétiques ( 1911 ) –

Femmes au jardin Claude MONET
 » Femmes au jardin  » Claude MONET

 

 

 

 

Réverbère …

 » Hibou, combien de fois tes cris funèbres ne m’ont-ils pas fait tressaillir dans l’ombre de la nuit ! Triste et solitaire, comme toi j’errais dans cette capitale immense. La lueur des réverbères, tranchant les ombres, ne les détruit pas. Elles les rend plus saillantes : c’est le clair-obscur des grands peintres. J’errai seul pour connaître l’homme. Que de choses à voir lorsque tous les yeux sont fermés !  » Nicolas RESTIF DE LA BRETONNE ( Écrivain français – Extraits de son ouvrage Les nuits de Paris 1788/89)

REVERBERE

Il y avait une multitude de petits mondes …

 » Il y avait là une multitude de petits mondes, rangés bien sagement côte à côte. Tour à tour sublimes et ordinaires, impérieux ou légendaires, intimes et familiers. De merveilles matinales en mélancolies nocturnes, l’ensemble des étagères formait un tout. Un univers. Un univers en expansion puisque chaque semaine un ou deux romans venaient tranquillement prendre place à côté des autres. Il y en avait qui se terminaient là où l’auteur l’avait décidé. Le point final du dernier chapitre brisant à tout jamais l’espoir que ce petit monde fût encore à découvrir.

Mais il y avait aussi quelques ouvrages que je n’avais pas lus jusqu’au bout. Faute de temps ou d’envie. La fin provisoire de ces histoires-là était balisée le plus souvent par un marque-page ou quelquefois par une photographie oubliée. A ce moment-là, c’est le souvenir d’un tout autre tout petit monde qui me revenait en mémoire. Un monde n’appartenant pas à cet univers-là. Quoique …

Il y avait enfin tous les livres que je n’avais pas ouverts. Terriblement attirants, ils conservaient fièrement leur statut de mondes inconnus. Me confortant une fois de plus dans l’idée que je puisse encore exister quelque part. » Thierry MURAT ( Auteur de B.D. et illustrateur de livres pour la jeunesse)

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