» Mon histoire est une histoire de prince charmant. J’étais au Louvre et dans un coin il y avait une princesse abandonnée sur un mur que personne ne regardait. Dans un musée, il y a des blockbusters. Tout le monde se précipite vers des tableaux comme le Joconde par exemple, mais ils ne voient plus les autres. Ils courent vers des trucs essentiels, spectaculaires. Et l’impact sur la France de cette pauvre fille semble limité. C’est là que le prince charmant intervient. Je l’ai prise en photo. Je l’ai imprimée en grand, découpée de son paysage et je l’ai placardée dans la rue. Je l’ai libérée de son château. Techniquement, pas besoin d’un savoir-faire : il faut un téléphone, un ciseau et l’imprimeur du coin de la rue.

Julien de Casabianca a été, au départ, un journaliste ( à l’Express notamment) et un écrivain. Il a également collaboré à des émissions télévisées sur France 2 en tant qu’animateur, cinéaste et réalisateur ( un court métrage La Nuit après la pluie écrit par le prix Nobel de littérature Gao Xingjian, et un film très touchant salué par la critique et les réalisateurs, notamment Costas Gavras : Passing By ). Mais il est surtout internationalement connu pour être un photographe qui amène l’art dans la rue. Un travail né en 2014 avec le concept qu’il a lancé et qui s’appelle Outings Project.
Passionné par les tableaux des musées, il se laisse séduire par des détails ou des personnages de ces toiles, les photographie, les magnifie en très grand format, parfois même monumental, sur papier et s’en va les coller lui même sur des murs de la ville, avec l’aide d’un échafaudage ou une grue parfois.
Ce travail, très original, inventif, ludique, esthétique, culturel et quelque peu décalé,est l’union de l’art et de l’urbain et son action est tout à fait accepté par les conservateurs des musées, parce que la démarche de cet artiste n’est pas de dérober une œuvre, mais une façon d’apporter l’art dans la rue et permettre qu’il soit à la portée de tous. Non seulement son travail les enchante, mais il l’invite très souvent à venir découvrir les tableaux de leur musée et » piquer » quelques figures intéressantes, lesquelles seront ensuite placardées sur les murs de la ville.
Il met son concept en application dans différentes villes françaises, notamment et surtout sa ville natale, à savoir Montauban, avec l’approbation du Musée Ingres , mais également d’autres institutions muséales à Bordeaux, Angers, Lyon, ou Paris avec, notamment, le musée Carnavalet qui, durant sa fermeture pour travaux de rénovation, a accepté, après un vote, que l’une des figures du tableau Le dôme central de la galerie des machines à l’Exposition universelle de Paris en 1889, signé par Louis Béroud, soit collée et format XXL sur un mur.

Le travail si particulier de Casabianca ne s’arrête pas là puisqu’il a eu l’occasion de le faire également en Angleterre, Russie, Chine, Japon ( qui l’a également invité à faire des conférences à l’Université des Arts et rencontrer aussi des plasticiens japonais) , Suisse, Etats Unis, Espagne, Brésil, Pologne, Corse, Allemagne , Bulgarie, Slovénie, Mexique et au Paraguay.










