» La photographie représente pour la mode un instrument de création hors pair. Le triomphe du médium, que la presse populaire et ses tirages à des millions d’exemplaires, a prodigieusement stimulé, a étendu la sphère d’influence de la mode d’une façon considérable. Mais la photographie et la mode ont d’autres points communs. On peut dire que la mode offre à la fugacité de l’instant, la possibilité de se matérialiser en quelque sorte dans le continuum du temps ; et ce moment, l’image photographique le fixe dans un passé qui est déjà révolu.
La mode et la photographie entretiennent des rapports de complémentarité. Alors que la mode participe entièrement au présent, la photographie témoigne de l’absence effective de ce qu’en fait elle remémore. » Il y a double position conjointe : de réalité et de passé » (Roland Barthes). Un autre facteur est également significatif : la pose est l’attitude intrinsèque de la mode et la fraction de seconde figée par la photographie devient à son tour pose. Mode et photographie sont toutes deux synonymes d’artifice et sont de l’ordre de la pure surface. La photographie de mode suit manifestement ses propres lois, comme de même son objet. A partir de la réalité visible et tangible, elle tente de recréer un univers esthétisant où l’artifice est roi. » Klaus HONNEF ( Critique d’art, allemand, professeur honoraire de la théorie de la photographie à l’École des Beaux Arts de Kassel, écrivain sur l’art contemporain, Pop Art, et photographie)




