BONNE & HEUREUSE ANNÉE 2019 !

 » Je m’absente pour 48 Heures …. Toutefois, avant de partir, et selon la formule consacrée, je vous souhaite un très beau réveillon qui clôturera 2018, ainsi qu’une bonne et heureuse année 2019.

Avant toute chose, j’espère qu’elle vous gardera en excellente santé, ainsi que vos proches. Qu’elle vous préservera, le plus possible, des difficultés et des tristesses de la vie. Qu’elle vous apportera de la joie, de l’amour, des sourires, des moments de paix, de douceur et de sérénité.

Je garde l’espoir que, durant l’an nouveau, nous continuerons à partager nos passions, nos goûts, notre amitié, au travers de nos blogs respectifs et je vous remercie infiniment pour tout l’intérêt que vous avez bien voulu porter à mes rubriques et mes articles durant cette année qui vient de s’écouler.

Bien cordialement à vous toutes et tous,

Lisa

BONNE ANNEE 3.jpg

Sylvie GUILLEM … L’étoile rebelle

SYLVIE GUILLEM 2

( Variation Kitri dans Don Quichotte)

Maurice Béjart disait souvent  » qu’en la voyant, il se sentait plus créatif et intelligent  » . Nombreux auront été les chorégraphes qui se sont sentis dans le même état d’esprit en travaillant avec elle. Sylvie Guillem a été une remarquable danseuse, mélange explosif et superbe de la gymnastique et de la danse, avec une silhouette féminine, longiligne(1m72 pour 50 kgs )  et des jambes incroyables. Dans le monde de la danse, on l’a qualifié de reine, de monstre sacré, de dernière Ballerina Assoluta !

Elle a été dotée d’une éblouissante technique, une grande musicalité, une expression émotionnelle maîtrisée, une danseuse pleine de charme et de grâce dans les mouvements, avec une belle ouverture d’esprit qui lui a permis d’élargir sa palette et danser dans différents répertoires avec toujours une grande facilité. Elle fut réputée pour être une des rares danseuses à ne jamais se reposer sur ses acquis , se montrer infiniment exigeante envers elle-même, et faire preuve d’une grande concentration.

Elle a eu, par ailleurs, une détente et une extension dans les mouvements, complètement inimitables, et elle a réussi, grâce à son grand talent, à se construire une formidable carrière qui ne ressemble à aucune autre.  Une Volontaire, farouche, indépendante, anti-conformiste, avec un caractère bien trempé, irréductible aux conventions, aux usages, fonçant toujours avec une seule devise : la perfection sinon rien ! 

Elle a eu l’intelligence de ne pas se cantonner à ne vouloir  danser que du classique, non pas parce qu’elle a renié sa formation, mais parce qu’elle souhaitait pouvoir avoir, avant tout, la liberté d’exprimer SA danse ! et ce avec d’autres façons de le faire que le répertoire classique, le faire comme elle l’entendait, en se lançant des défis,  avec toujours la même souplesse, la même finesse, la même intransigeance, la même esthétique qui la caractérise.

Elle est née, clinique des Lilas à Paris en 1965. Comme elle était une enfant plutôt timide, sa maman, professeur de gymnastique à Blanc-Mesnil,  décide de la former, elle-même, très tôt, à cette discipline, où elle va se révéler extrêmement douée, à un point tel qu’elle sera pré-sélectionnée dans l’équipe de France pour la préparation des J.O de Moscou. A l’époque, ses idoles ne sont pas des danseuses, mais Nadia  Comaneci.

Et c’est la gymnastique qui va, en quelque sorte, l’amener à la danse. En effet, avant de parfaire son entraînement, on l’envoie, avec son équipe, faire un stage de danse à l’Opéra de Paris. Elle sera très vite remarquée par la directrice de l’époque : Claude Bessy, qui lui trouve d’immenses dispositions de par sa souplesse et sa facilité dans les mouvements. Elle l’étonne énormément, la séduit et c’est elle qui va la  » détourner  » de la gymnastique pour l’amener à apprécier la danse. Sylvie dira plus tard qu’elle a accepté de faire ce choix parce qu’elle savait, tout au fond d’elle-même, que la danse allait lui offrir une carrière bien plus intense et longue qu’elle ne l’aurait eu avec la gymnastique.

SYLVIE GUILLEM

Elle entre directement en 2e année à l’école de danse de l’Opéra où les autres professeurs l’accueillent avec joie et intérêt, émerveillés par ses prouesses techniques et ses sauts incroyables.  A 16 ans elle intègre le corps de ballet, gravit à une allure vertigineuse tous les échelons qui sont devant elle : Quadrille , Coryphée, Sujet, Première danseuse. Un titre qu’elle ne gardera pas très longtemps puisqu’elle sera nommée, cinq jours plus tard, Étoile lors de sa prestation dans le Lac des Cygnes.

La danse n’était pas le monde dans lequel elle évoluait, mais elle a brillamment relevé le défi, et au fil du temps elle s’est réellement prise de passion pour cet art avec, il faut bien le reconnaître, une grande chance : grâce à l’entrainement et l’endurance qu’elle avait  acquis dans la gymnastique, elle a fort bien supporté celle de la danse classique et les heures répétées sur les pointes ou à la barre.

Elle qui ne se rêvait pas en tutu, mais  plutôt en athlète de haut niveau, va se laisser complètement emporter par la scène et toutes les émotions qu’elle procure. C’est sur cette scène qu’elle dira, la première fois qu’elle en a foulé le sol, que la danse allait permettre à son corps d’exprimer toutes les choses et les sentiments qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même. La danse va lui fournir la possibilité de vaincre au mieux sa timidité et de trouver, au travers d’elle, une façon  » quasi désespérée  » de surmonter sa solitude.

Tous ces ressentis vont la rapprocher de celui qu’elle côtoiera en troisième année d’école, celui qui va devenir son pygmalion, qui va l’instruire selon les pratiques de la danse classique russe, celui qui vient d’être nommé directeur artistique du ballet à l’Opéra de Paris : Rudolf Noureev, le grand patron, pas n’importe qui, une star de la danse, quelque peu tyrannique, injuste parfois, mais qu’elle va beaucoup admirer et qui va tant lui apprendre !

SYLVIE ET RUDOLF

Le premier rôle qu’ il lui confie sera celui dans  Raymonda, puis dans la Bayadère où il ne cessera de dire qu’elle y fut rayonnante. Il l’a trouvera également très stylée  dans Divertimento de Balanchine et sera complètement subjugué pour son interprétation dans le Lac des Cygnes où elle se montrera incroyablement douée, agile et très technique. Aussi, n’éprouvera t-il aucune hésitation  en la nommant étoile en 1984, elle a 19 ans !

Un an plus tard, elle remporte la médaille d’or du célèbre concours Varna. Durant les années qui suivront , elle sera  » l’étoile de Noureev « . Ils vont travailler ensemble, s’admirer, se respecter mutuellement, s’apprécieront beaucoup, à un point tel que le danseur disait qu’elle était la seule femme qui aurait pu lui donner, un jour, l’envie de se marier.  Tous deux sont entêtés, exigeants, et très solaires. Il lui confiera de très grands rôles dans le répertoire classique et, à l’occasion il dansera même à ses côtés notamment dans Giselle en 88 pour le Royal Ballet de Londres.

( Vidéo : Swan Lake Acte III – Avec Cyril Atanasoff et Manuel Legris )

( Vidéo : Le Corsaire avec Patrick DUPOND )

(Vidéo : Giselle avec Laurent HILAIRE )

Du classique certes, mais il lui fera aborder d’autres chorégraphes :

Forsythe qui après avoir été en admiration devant son elasticité et son agilité, lui confiera : France Danse, et créera, tout spécialement pour elle,  en 87 In the Middle Somewhat Elevated , un classique contemporain comme le décrivait son créateur : tenue de scène épurée, langage classique déconstruit, univers en clair-obscur, vitesse d’exécution, extrême extension du corps, haute virtuosité et musique en déflagrations sonores comme à son habitude.

( Vidéo : In the Middle Somewhat Elevated )

Il y aura aussi Neumeier  pour notamment Magnificat … et Balanchine, MacMillan, Roland Petit, Victor Gsovsky, sans oublier  Béjart bien sur avec Luna, Mouvement Rythme Étude, Arepo et autres …

( Vidéo : Grand Pas classique de Victor GSOVSKY )

( Vidéo : Étude avec Eric VU AN )

A Paris elle est choyée, adulée, au sommet de sa gloire, encensée par la critique, ovationnée par le public, mais elle est aussi infiniment jalousée au sein même de l’Opéra. Elle étouffe dans cette cage dorée. Elle dira : «  il n’y avait pas de décision à prendre ou d’envie à éprouver . A cette époque, les seules choses qui me donnaient de l’oxygène, c’étaient les ballets de Béjart. Je le trouvais clairvoyant, généreux, cultivé. Il me permettait de transgresser les interdits. J’aimais aussi beaucoup Forsythe pour son infinie modernité. »

Cet étouffement lui pèse. elle a en elle l’envie d’exploser carrément le monde de la chorégraphie, se donner la liberté d’aller vers d’autres compagnies, vers d’autres styles de danse, notamment approfondir le contemporain de ses choix. Elle réclame donc auprès de la direction de l’Opéra de Paris, la possibilité de re-négocier son contrat à savoir continuer à danser à l’opéra mais pouvoir partir ailleurs, seule. L’administration lui refuse cette demande. Ce sera même un NON catégorique de la part de Noureev qui est très malade à l’époque et peu enclin à l’écoute et les explications.  Compte tenu du fait que c’était lui qui l’avait instruite aux subtilités de la danse, il attendait d’elle qu’elle suive toutes ses demandes et directives. Il ne l’épaulera pas dans ses démarches auprès de la direction générale.

Tant pis ! Elle part quand même en claquant purement et simplement la porte de l’Opéra, afin de faire cette carrière internationale dont elle rêve et qu’elle espère. Scandale à l’époque ! Du jamais vu dans cette institution . Même Jack Lang, alors ministre de la Culture, est interpellé au Parlement au sujet de cette affaire qui fait grand bruit. Une affaire qui finit par devenir une affaire d’état.

Mais Guillem ne se retourne pas. Elle décide de s’installer à Londres. Peu importe si, à ce moment là, elle ne parlait pas bien la langue de Shakespeare, elle est libre de ses choix et de sa carrière et entend répondre à toutes les invitations qui se présenteront.

En 1988 le Royal Ballet de Londres est heureux de l’opportunité qui s’offre à lui et c’est avec un immense honneur qu’il l’accueille, et ouvre grandes les portes en la nommant  « Etoile invitée permanente » (Principal) en 1989. Anthony Dowell, à l’époque directeur du ballet,  lui donne un petit surnom  : Miss No ( Mademoiselle Non ) , tout simplement parce que dès son arrivée dans les lieux, elle commence à dicter un peu sa loi, refuse de partager une chambre avec cinq autres danseuses, insiste pour revoir ses costumes, les rectifier à l’occasion, donne son avis sur tout y compris sur le choix des partenaires qu’on lui propose … Quand elle dit non, c’est non !

Eh bien qu’importe, le Royal Ballet décide de faire avec ses humeurs. Elle dansera les plus grands et beaux ballets du répertoire classique , de La Belle au bois dormant, à la Bayadère, en passant par le Lac des Cygnes, Roméo et Juliette, Manon, Giselle et même Marguerite et Armand alors qu’aucune autre danseuse avant elle n’avait osé reprendre le rôle laissé dans les mémoires par Margot Fonteyn !

(Vidéo : Manon – Acte II )

( Vidéo : Marguerite et Armand – Avec Massimo MURRU )

Mais il y en aura aussi beaucoup d’autres : Birthday Offering, The Month Country, le Prince des Pagodes, Winter Dreams, Other Dances, Luna ( Béjart ), Grand Pas classique de Gsvosky , des pièces de Baryshnikov , Balanchine etc… sans oublier le Cendrillon de Noureev qu’elle reprendra d’ailleurs aux Etats Unis.

( Vidéo : Cendrillon de NOUREEV )

Avide de connaître d’autres chorégraphes capables de lui apporter d’autres nouveautés, elle rencontrera Mats Ek et dansera un grand nombre de ses pièces comme Wet Woman, Smoke etc… et sa célèbre version de Carmen.

( Vidéo : Wet Woman de Mats EK )

Entre temps, elle est reçoit en 1988 le premier prix Andersen récompensant la meilleure danseuse à Copenhague, le Grand Prix international de la danse à Paris en 1989, et le Grand Prix Anna Pavlova.

Fidèle à sa formule  » un train passe je monte dedans, sans me poser de questions sur la durée du voyage, je fais les choses comme je les sens, comme elles se présentent à moi et quand je ne veux plus que cela dure, eh bien je fais en sorte que cela s’arrête  » elle va continuer sa route et danser non seulement au Royal Ballet, mais aussi au Ballet Royal du Danemark , au Kirov Mariinsky, à l’American Ballet, à la Scala de Milan où elle sera la partenaire de Roberto Bolle dans une version du Don Quichotte de Noureev.

Elle retrouvera, de temps à autre, la scène de l’Opéra de Paris, en guest-invitée, pour danser Manon de MacMillan. Elle se rendra au Japon avec les chorégraphies de Béjart qui sont énormément appréciées dans ce pays. Béjart composera pour elle, et, Laurent Hilaire :  » Épisodes  » dédié à la mémoire de Pasolini, Sissi l’impératrice anarchiste en 1992, Racine cubique en 97 au théâtre des Champs Elysées. En 1995, elle met au point un film documentaire pour la télévision  » Evidentia  » : évidence … danse, sur une chorégraphie à nouveau de Béjart qui remportera différents prix internationaux.

( Vidéo : Racine cubique )

En 1998 son intérêt crescendo pour la danse contemporaine va la pousser à s’essayer elle-même à la réalisation d’un ballet. Ce sera Classic Instinct pour un festival de danse en Hollande, ainsi que deux solos sur Mary Wigman : Summer Dance et Witch’s dance. Sans oublier sa version de Giselle pour le Ballet National Finois présenté à Helsinki puis à Paris, à Milan et à New York.

Au cours des années suivantes , elle n’aura cesse d’expérimenter d’autres façons de pouvoir exprimer son idée de la danse contemporaine où, il faut bien le reconnaître, elle excelle avec, à chaque nouvelle rencontre, un chorégraphe différent auquel elle dira toujours :  » apprenez-moi quelque chose, donnez-moi quelque chose que je ne connais pas, emmenez-moi là où je ne sais pas  » comme ce fut le cas avec

-Akram KHAN

GUILLEM et Akram Khan
Avec Akram KHAN

elle l’avait vu danser lors d’un reportage TV et elle fut conquise par sa gestuelle et sa dance. C’est un danseur et chorégraphe anglais d’origine indienne, un passionné de contemporain formé à la discipline du Kathak, un des huit styles de danse traditionnelle en Inde. Khan c’est un peu son double, prodige de la danse, virtuose dans son art, formé au classique puis tourné vers le contemporain. Ils ont beaucoup de points communs. Ce sont deux personnalités qui refusent de se voir cantonner dans une seule chose. Ils ne renient, ni l’un ni l’autre, leur formation de base, mais ont eu envie de se détourner de la tradition en créant à la demande de Guillem : Sacred Monsters ( 2006). Une pièce chorégraphique qui va se révéler être un véritable défi parce qu’elle a dû vraiment aller au maximum de ses possibilités dans une danse assez mystique, énergique, une gestuelle corporelle très élastique, très en osmose rythmique avec la musique et le tout dans la finesse, la souplesse et la virtuosité.

( vidéo : Sacred Monsters )

-Russell MALIPHANT

GUILLEM Russell MALIPHANT
Avec Russell MALIPHANT

un véritable  » coup de foudre artistique « . Là encore elle s’est beaucoup retrouvée en lui : danseur de formation classique, ayant démissionné du Ballet Royal de Londres un peu comme elle l’avait fait à Paris. C’est un chorégraphe qui a sa propre compagnie, qui travaille sur l’exploration de la danse en y mêlant différentes techniques : le classique, le yoga, la capoiera. Il créé pour Guillem : Broken Fall qui recevra un Lawrence Olivier Award – Puis Two : un solo très fluide mettant bien en valeur ses prouesses techniques, la puissance de ses bras, la sensualité, dans une alternance de rapidité et lenteur. – Il y aura également Push, un duo entre le chorégraphe et la danseuse , assez physique, athlétique, rigoureux, fusionnel.

( Vidéo : Push / GUILLEM-MALIPHANT )

D’autres prix viendront couronnés sa carrière : un Nijinsky en 2001 récompensant la meilleure danseuse au monde ! Elle sera la première à le recevoir.

En 2003, elle dirigera une section-hommage à Noureev qui sera très critiquée parce qu’elle avait souhaité que les danseurs évoluent, sur scène, devant un écran géant où le voyait danser, ce qui eut pour conséquence de  » distraire  » le public.

En 2008 elle rendra un vibrant hommage à Maurice Béjart, son ami, à Lyon, à Versailles et au Japon, aux côtés du Tokyo Ballet ( ma compagnie asiatique disait Béjart ) et de deux étoiles françaises Laurent Hilaire et Manuel Legris pour quatre ballets : le Chant du compagnon errant dans un pas de deux entre un homme et sa moitié insolite sur une musique de Mahler – Boléro ( musique de Ravel ) où elle évolue merveilleusement bien sur la table ronde et rouge – Luna : un solo qu’elle affectionne tout particulièrement. Elle l’a dansé toujours avec abandon, musicalité, maîtrise et ce zeste de fragilité qui sont nécessaires pour bien l’interpréter. – et enfin le sacre du printemps.

( Vidéo : Boléro – BÉJART/RAVEL )

GUILLEM ET BEJART
Avec Maurice BÉJART lors d’une répétition du Boléro

En 2009, ce sera Eonnagata la réunissant à Maliphant et Robert Lepage, un homme de théâtre, de cinéma et opéra qui s’est lancé dans ce projet sur son invitation. C’est une pièce sur la vie du chevalier d’Éon. Elle le dansera au Québec et Londres

GUILLEM LEPAGE MALIPHANT
Avec Russell MALIPHANT & Robert LEPAGE

( Vidéo : Éonnagata )

En fin 2015, à l’âge de 53 ans, après avoir tant et tant brillé, elle décide de cesser la danse

«  Il fallait bien que je mette un point final à la danse. Je ne savais pas quand. Je savais que je sentirai quand ce serait le moment. J’adore la danse et ce ne sera pas facile de la quitter, mais je souffrirai davantage si je la quittais mal. C’est à dire en n’étant plus capable de donner le meilleur. Je l’ai fait parce qu’il le fallait. Parce que je ne veux pas me décevoir, ni décevoir le public. Parce que je n’ai pas envie d’être mal jugée, moins aimée. Parce que je fais encore des choses aujourd’hui comme je veux les faire, parce que j’ai beaucoup de plaisir à les faire ainsi et que je ne veux surtout pas les faire moins bien. Parce que j’ai de plus en plus de trac et de doutes, même si je garde la force, l’énergie, la rapidité, la passion d’être sur scène, d’y tracer des lignes, d’y dessiner des courbes. Parce que je ne veux jamais danser en me reposant. Je sais que cela va me coûter, après mes ultimes représentation au Japon, dans ce pays qui me fascine tant, mais en France aussi. Le moment sera dur. Mais je suis prête à payer. Je préfère arrêter avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’on ne le décide pour moi. Il faut une fin claire et nette.  »

Je terminerai mon article en disant merci à cette merveilleuse et sublime danseuse que j’ai eu le bonheur de voir à plusieurs reprises. Elle m’a laissé, comme d’autres étoiles superbes, un souvenir inoubliable, merveilleux dans le classique, surprenant mais non moins intéressant et assez bluffant  dans le contemporain.

 

 

Tu apprendras …

apprendre

 » Après quelques temps tu apprendras la différence entre tendre la main et secourir une âme et tu apprendras que aimer ne signifie pas s’appuyer, et que compagnie ne signifie pas toujours sécurité. Tu commenceras à apprendre que les baisers ne sont pas des contrats, ni des cadeaux, ni des promesses. Tu commenceras à accepter tes échecs à tête haute, comme un adulte, et non avec la tristesse d’un enfant. Tu commenceras à construire tes chemins aujourd’hui, parce que le terrain de demain est incertain et ne garantit pas la réalisation des projets et que le futur a l’habitude de ne pas tenir ses promesses.

Après un certain temps, tu apprendras que le soleil brûle si tu t’y exposes trop. Tu accepteras le fait que même les meilleurs peuvent te blesser parfois et que tu auras à leur pardonner. Tu apprendras que parler peut alléger les douleurs de l’âme. Tu apprendras qu’il faut beaucoup d’années pour bâtir la confiance, et à peine quelques secondes pour la détruire, et que toi aussi tu pourrais faire des choses dont tu te repentiras tout le reste de ta vie. Tu apprendras que les vraies amitiés continuent à grandir malgré la séparation et que ce qui compte ce n’est pas ce que tu possèdes mais qui compte dans ta vie ; et que les bons amis sont la famille qu’il nous est permis de choisir.

Tu apprendras que tu peux passer de bons moments avec ton meilleur ami en faisant n’importe quoi , ou en ne faisant rien, seulement pour le plaisir de jouir de sa compagnie. Tu découvriras que souvent nous prenons à la légère les personnes qui nous importent le plus et que pour cela nous devons toujours dire à ces personnes que nous les aimons, car nous ne savons jamais si c’est la dernière fois que nous les voyons. Tu apprendras que les circonstances, et l’ambiance qui nous entoure, ont une influence sur nous, mais que nous sommes les uniques responsables de ce que nous faisons. Tu commenceras à comprendre que nous ne devons pas nous comparer aux autres, sauf si nous désirons les imiter pour nous améliorer.

Tu découvriras qu’il te faut beaucoup de temps pour être la personne que tu désires être, et que le temps est court. Tu apprendras que si tu ne contrôles pas tes actes, eux ils te contrôleront. Qu’être souple ne signifie pas être mou ou ne pas avoir de la personnalité : car peu importe à quel point une situation est délicate ou complexe, il y a toujours deux manières de l’aborder. Tu apprendras que les héros sont des personnes qui ont fait ce qu’il était nécessaire de faire, en assumant les conséquences. Tu apprendras que la patience requiert une longue pratique. Tu découvriras que parfois la personne dont tu crois qu’elle te piétineras si tu tombes, sera l’une des rares qui t’aidera à te relever. Mûrir dépend davantage de ce que t’apprennent les expériences que des années que tu as vécues.

Tu apprendras que tu tiens beaucoup plus de tes parents que tu ne veux bien le croire. Tu apprendras qu’il ne faut jamais dire à un enfant que ses rêves sont des bêtises car peu de choses sont aussi humiliantes et que ce serait une tragédie s’il te croyait car cela lui enlèverait l’espérance ! Tu apprendras que, lorsque tu sens la rage et la colère en toi, tu en as le droit mais cela ne te donne pas le droit d’être cruel. Tu découvriras que simplement, parce que telle personne ne t’aime pas comme tu le désires, cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne t’aime pas autant qu’elle en est capable. Il y a des personnes qui nous aiment mais qui ne savent pas comment nous le prouver.

Tu apprendras que, avec la même sévérité que tu juges les autres, toi aussi tu seras jugé et parfois condamné. Tu apprendras que, peu importe que tu aies le cœur brisé, le monde ne s’arrêtera pas de tourner. Tu apprendras que le temps ne peut retourner en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme au lieu d’attendre que les autres t’apportent des fleurs. Alors, et, alors seulement, tu sauras ce que tu peux endurer : que tu es fort, que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t’imaginais ne plus pouvoir avancer. C’est que réellement la vie n’a de valeur que si tu as la valeur de l’affronter !  » José Luis BORGES (Écrivain argentin, poète)

 

 

BEAUTÉ CLASSIQUE … John William GODWARD

 » Godward conçut, à la fin des années 1880, une typologie spécifique qu’il développa jusqu’à la première guerre mondiale. Faisant jouer ses talents pour rendre la matière et son travail sur l’idéal de beauté classique, il peignit une série de bustes de jeunes femmes aux traits légèrement idéalisés, presque de grandeur naturelle, généralement placées de profil contre un fond de paysage ou un mur de marbre délicatement traité faisant ressortir la carnation des traits du modèle. La formule connaît ses plus grands succès dans les années 1908/1912. La Beauté classique de la collection Pérez Simon en est un des exemples les plus raffinés. Godward semble y jouer sur les portraits en buste de la fin du Quattrocento italien en reprenant ( tout en l’inversant ) la succession du portrait, du parapet et du paysage à l’arrière. La ligne d’horizon, très basse, soutenue par la dégradation des couleurs des collines anglaises, permet de découper nettement la ligne ferme du visage sur le fond de ciel légèrement et uniformément rosé. Ce ciel met en valeur les carnations modelées par l’ombre et la lumière. Le rose des lèvres et le bleu vert des yeux rêveurs donnent les deux couleurs dominantes de la peinture que l’on retrouve soit dans le paysage et le vêtement, soit dans le marbre. Le drapé diaphane et bleuté du chiton, ayant, avec sa finesse et sa transparence, toute l’apparence de la coa vestis, tissu de Cos, s’harmonise avec le paysage contre lequel il est en partie placé. Les marbres, travaillés dans une tonalité plus franche, font écho à la chevelure brune et à la ceinture rose cramoisi pour faire ressortir le cou et le visage. La position oblique du corps laisse deviner la rondeur de l’épaule sous les drapés tandis que le profil parfait du visage répond totalement à l’idéal classique. » Véronique GÉRARD-POWELL (Agrégée en Histoire de l’Art, maître de conférences )

BEAUTE CLASSIQUE John william Godward.jpg
 » Beauté classique  » 1908 – John William GODWARD

L’assassinat de Marat … Jacques-Louis DAVID

 » David n’était pas seulement peintre mais aussi organisateur des fêtes révolutionnaires. Les fêtes et les spectacles servaient de moyen de propagande. Leurs organisateurs s’inspiraient des cérémonies catholiques et du faste déployé pendant la Renaissance pour glorifier les princes. Même si l’on avait maintenant destitué et guillotiné les princes, fermé les églises et chassé les prêtres, on se servait encore de ces moyens de propagande qui s’étaient avérés efficaces pendant des siècles. C’est ainsi que David profita de la mort de Marat pour organiser des funérailles grandioses destinées à frapper les esprits.

Les spectacles de David appartiennent au passé, mais beaucoup de ses tableaux ont survécu à leur époque. Son style était marqué par la Renaissance mais aussi et surtout par l’Antiquité romaine. Avant la Révolution, David affectionnait déjà les sujets antiques. En 1784 il peignit le Serment des Horaces et en 1789 Les licteurs portant à Brutus le corps de ses fils. Ces deux œuvres montrent la victoire du patriotisme sur le bonheur personnel, elle exaltent l’amour de la patrie qui doit passer avant les liens familiaux.

L’Antiquité était revenue à la mode, se manifestant même dans le domaine vestimentaire, mais Davis s’y référait d’une façon plus conséquente, et plus convaincante que ses confrères. Il maîtrisait ce que l’on appelait en France «  le grand goût « . Privilégiant les grands formats, il montrait des gestes éloquents et laissait de côté l’accessoire. La sobriété des lignes dominait le tableau dont la composition était orchestrée de façon monumentale. On retrouvait dans ses œuvres cet effet à distance, indispensable dans les spectacles publics.

La Convention demanda en public à David de peindre un tableau de Marat.  » Où es-tu David ? Tu as transmis à la postérité l’image de Lepelletier mourant pour la patrie. Il te reste un tableau à faire  » . Et David répondit  » Aussi le ferai-je ! » . La veille du meurtre, David avait rendu visite à Marat. Il devait décrire ensuite la scène qui s’offrit à ses yeux : une caisse sur laquelle étaient posés encre et papier, était placée à côté de son bain et  » sa main sortie de la baignoire, écrivait ses dernières pensées pour le salut du peuple. J’ai pensé qu’il serait intéressant de l’offrir dans l’attitude où je l’ai trouvé.« . David devait embellir cette épave humaine de telle manière que le spectateur puisse l’admirer.

Il omit dont toutes les imperfections de la peau et situa la scène dans une pièce imaginaire. En réalité la baignoire se trouvait devant des papiers peints représentant des colonnes. Rien de tel chez David : il laisse l’arrière-plan, près de la moitié de l’espace pictural, dans l’obscurité, ce qui lui permet, non seulement de suggérer l’indigence, la vie ascétique de Marat, mais aussi de situer le personnage dans un espace qui peut se concevoir comme l’éternité. Cet arrière-plan a un effet comparable aux fonds dorés des tableaux du Moyen-Âge.

Le peintre a probablement ajouté la lettre et l’assignat posés devant l’encrier. Voici ce que l’on peut lire dans cette lettre : «  Vous donnerez cet assignat à cet mère de cinq enfants dont le mari est mort pour la défense de la patrie. «  – Au cours du procès qui suivi le meurtre, on consigna minutieusement tous les objets de la salles de bain. Pourtant,  ni l’assignat ni la lettre ne furent mentionnés. David se sert de ces objets pour montrer que Marat est l’ami du peuple. Le journal de ce dernier écrivait que Marat avait passé une grande partie de sa vie  » à écouter les plaintes d’une foule de malheureux et à soutenir leur revendications par des pétitions. » En indiquant la pauvreté de Marat, avec la caisse en bois en guise de table et le drap rapiécé à gauche, David soulignait encore la noblesse du donateur.

La pose dans laquelle David représente Marat produit en revanche une toute autre impression. Le bras qui pend, la tête renversée et soutenue uniquement par l’épaule, les draps blancs : voilà comment pendant des siècles on avait représenté le Christ après la descende de la croix. David se sert du souvenir d’images vues et revues, et sans doute aussi du besoin d’adoration religieuse. Son symbole de la souffrance s’appelait Marat.

Pour son tableau, David se procura un masque mortuaire de Marat et fit porter dans son atelier la baignoire, l’encrier et le couteau. Selon le modèle romain, il écrivit sur la caisse une brève dédicace :  » A Marat, David « , son nom étant à peine plus petit que celui du héros martyr. Comme date il indique  » l’An deux «  suivant le nouveau calendrier révolutionnaire.

En Octobre 1793, il exposa le tableau dans son atelier puis dans la cour du Louvre. En novembre il le remit à la Convention avec son pendant le tableau de Lepelletier. «  C’est à vous mes collègues que j’offre l’hommage de mes pinceaux ! « . La Convention fit accrocher les deux œuvres dans la salle des séances et, aveuglément confiante en l’avenir, promulgua un décret interdisant aux futurs législateurs de les décrocher. « Rose-Marie et Rainer HAGEN  (Tous deux sont  auteurs d’ouvrages sur l’histoire de l’Art et explications sur les œuvres d’art. Elle est suisse et lui allemand)

MARAT ASSASSINE.jpg
 » Marat assassiné  » 1793 – Jacques-Louis DAVID

 

 

!

Les mots qui s’envolent !…

 » Quand les mots sont sortis, comment les rattraper sitôt ouverte la cage. Ils se pressent au-dehors, chutent comme des corps tombant le long d’un façade, prennent de la vitesse et à la fin s’écrasent. Parfois, avant de toucher le sol, le vent les soulève, les porte, vient les pousser sous l’aile. Alors les mots s’en vont au gré des courants d’air. Il s’élèvent, s’éloignent, on ne les entend plus …. Ou bien ils restent là, perchés sur le bord de l’oreille, hirondelles posées sur le rebord d’un toit …  » Marie-Sabine ROGER ( Écrivain, française)

 

MOTS QUI S ENVOLENT

Bettina RHEIMS …

BETTINA RHEIMS
Bettina RHEIMS

 » Photographe de mode, sûrement pas ! Artiste, c’est un trop grand mot. La première fois que j’ai dit que j’étais photographe, j’étais très heureuse. C’est un beau mot et j’aime beaucoup les mots … Une séance photos est très intime. Il faut faire advenir un moment magique et furtif. La ligne est très mince entre une jolie image et une image où il se passe quelque chose. Il faut qu’il se passe un truc, puis déraper de ce truc et reconstruite autre chose … Je ne veux provoquer qu’un regard ou une interrogation, surtout pas gêner ou agresser. Montrer les choses autrement et forcer le regard des gens. » Bettina RHEIMS (Photographe portraitiste française)

RHEIMS Monica BELLUCCI 1995
Monica BELLUCCI – 1995 – Bettina RHEIMS
RHEIMS Mylène Farmer 2013
Mylène FARMER – 2013 – Bettina RHEIMS
RHEIMS Charlotte RAMPLING
Charlotte RAMPLING – 2012 – Bettina RHEIMS
RHEIMS Détenues.jpg
Série  » Les détenues  » en 2014  – Bettina RHEIMS «  Je me suis documentée et me suis vite rendue compte qu’il y avait peu de choses sur les femmes en prison. Beaucoup moins que sur les hommes. Mais ce qui était récurrent, c’était la perte de l’estime de soi. En prison on finit par ne plus se voir. Du coup les autres ne vous voient plus non plus. Alors j’ai voulu, essayer au travers d’une photo, de leur redonner une image plus positive d’elle-même. Cela n’a pas été facile au début. J’ai travaillé dans quatre centres de détention en France. A chaque fois, je suis allée présenter mon travail et mon projet. Elles ne comprenaient pas vraiment ce que je venais faire là. Elle craignaient un piège. Il a fallu apaiser toutes ces peurs. Certaines ont refusé. Au final j’ai réussi à photographier 65 femmes, la moitié de celles que j’ai rencontrées. « 

 

 

Auto-portrait au collier d’épines et au colibri. …

 » Du collier de Frida Kahlo pend un colibri noir mort. La forme de ses ailes déployées rappelle celle des sourcils de la jeune femme. Dans la tradition populaire mexicaine, le colibri mort est un porte-bonheur. Il évoque ici l’espoir après un divorce douloureux. Dans la culture aztèque, qu’elle a souvent traitée dans ses œuvres, le colibri est associé au dieu de la guerre, Huitzilopochtli. Les épines du collier meurtrissent la peau de Frida Kahlo, allusion à ses souffrances et à la couronne d’épines du Christ sur la Croix.  Le petit singe noir, assis sur l’épaule droite de Frida Kahlo, fait référence à son singe apprivoisé, cadeau de Diego Rivera, de sorte que l’on considère  souvent qu’il le représente. Le singe est joueur de nature et tire sur le collier. Il représente aussi ses fausses couches et l’enfant qu’elle ne pouvait avoir en raison de sa santé fragile.

Le tableau, dans son ensemble, représente la souffrance de Frida après son divorce avec Diego Rivera. Le chat noir, sur son épaule gauche, est un symbole de sa dépression car, dans sa culture, le chat noir porte malheur et évoque la mort. Ce chant menaçant semble guetter le colibri telle une proie avant de bondir sur lui. Il tire sur le collier, ce qui fait saigner la jeune femme davantage.  Sous ses épais sourcils noirs, le regard de Frida Kahlo, n’exprime aucune émotion et fixe le spectateur. Derrière elle, on voit une luxuriante végétation tropicale aux feuilles jaunes et vertes. Dans ses cheveux, les papillons représentent à la fois la résurrection du Christ et la renaissance qu’elle espère après son divorce : «  j’ai subi deux grave chocs dans ma vie : un accident de la circulation et Diego Rivera «  confiait-elle.

Si l’œuvre de Frida Kahlo est particulièrement personnelle, elle puise son inspiration dans de nombreuses sources historiques, artistiques et culturelles, notamment l’art populaire mexicain, la Renaissance et l’art pré-colombien, sans oublier l’influence de son père photographe. Elle s’inspira aussi de plusieurs grands maîtres tels que Vélasquez, El Greco, Léonard ou Rembrandt. Les auto-portraits de Frida Kahlo, entourée d’animaux et de plantes exotiques, ne sont pas sans rappeler les peintures du Douanier Rousseau. Les couleurs vives, les textures marquées de feuilles reflètent son intérêt pour l’art méridien. La feuille évoque une aura, comme si elle était une figure sainte. La libellule est un symbole chrétien de résurrection. L’individualisme est un aspect essentiel dans l’œuvre de Frida Kahlo. Pourtant, on remarque ici une composition conventionnelle pour un portrait, avec la tête et les épaules presque au centre de la toile, face au spectateurs. La position centrale du visage, rappelle les icônes et les rétables, petites peintures réalisées par des croyants pour les églises.  » Susie HODGE (  ( Historienne de l’Art, auteur de nombreux ouvrages sur l’art pictural)

AUTOPORTRAIT FRIDA KAHLO.jpg
 » Portrait au collier d’épines et colibri  » – 1949 – Frida KAHLO

 

Amour ou Désir …par Thierry COHEN

 » Souvent les gens confondent le désir et l’amour. Ils se sont fourvoyés dans des histoires inutiles, ont dilué leur identité, leurs valeurs dans de stupides aventures ou dans des idées trompeuses. Ils se sont perdus et, par la même, ont corrompu cette capacité d’entendre leur âme, de distinguer l’image de leur double. Dès lors, ils se trompent de vie, de route et de personne. Ils rencontrent un homme, une femme, et, pour toutes sortes de mauvaises raisons, ils pensent qu’il s’agit de l’être qui leur est destiné. Pour des raisons esthétiques : il est si beau, elle est si belle … Ou sociales : ça se fait, je dois me marier, former un couple, je veux faire comme les autres. … Pragmatiques, même : ce sera plus facile à deux … Commerciales, également : notre société présente l’amour comme un produit de consommation. Souvent, pour toutes ces raisons à la fois et d’autres encore. Et, dès le lendemain de leur première nuit, ils commencent à s’évaluer : ah, elle a fait ça, ce n’est pas bien, un point de moins … Tiens, il ne m’a pas dit ce que j’attendais, encore un point de moins . Ils deviennent, peu à peu, comptables de leur relation et quand ils font le bilan, celui-ci est déficitaire. Ce qui devait être harmonie, devient désaccord, se transforme en querelles et va jusqu’à la désunion. Alors, ils ferment boutique. L’amour, je te le dis, c’est autre chose. C’est une complémentarité qui se révèle immédiatement ou avec le temps. Et on s’émerveille de ce que l’autre soit différent de nous et de ce que cette différence nous apporte, nous transforme, nous rend meilleur.  » Thierry COHEN ( Écrivain français)

COHEN Thierry.jpg
Thierry COHEN

Les Échecs … Conseils d’Aaron NIMZOWITSCH

 » Il arrive souvent que l’amateur se demande combien de coups d’avance un grand maître calcule habituellement. A cette question, le grand Richard Réti répondait « un seul » – Lorsque vous vous retrouvez devant une position atroce, ne tendez pas un ultime piège dérisoire avec l’intention d’abandonner si l’adversaire le déjoue ! Faites-vous plutôt un devoir de résister comme si votre vie en dépendait. Jouez le coup qui vous déplairait au centuple si vous étiez dans la peau de votre tortionnaire ! Les cavaliers se révèlent fort utiles dans les positions fermées. D’habitude les fous sont un peu plus fort que les cavaliers dans les positions ouvertes. Qu’on le veuille ou non, il restera toujours des exceptions ! Une confiance aveugle en des principes élevés au niveau de dogmes, freine la croissance personnelle, aux échecs comme dans tout autre domaine. Même si gagner du matériel vous excite, n’acceptez- aucun sacrifice qui fasse cadeau de votre initiative à l’ennemi. Après avoir gagné du matériel, modérez vos ardeurs. Pensez plutôt à tout protéger, à renforcer vos points faibles, à coordonner à nouveau vos pièces. Ensuite, vous déclencherez l’assaut final. Toutes les manœuvres exécutées sur une colonne ouverte ont pour but ultime l’intrusion définitive sur la septième ou la huitième rangée, en plein cœur de la position ennemie.  » Aaron NIMZOWITSCH ( Joueur d’échecs russe et danois)

ECHECS hans august LASSEN
 » Les échecs  » – Hans August LASSEN